« Un triomphe absolu », « le meilleur film de l’année », sept Golden Globes, quatorze nominations aux Oscars… Oui, l'ampleur du phénomène La La Land est hallucinante (de quoi se demander si l'on n'en fait pas un peu trop), mais celle-ci se justifie pleinement tant le long-métrage s'avère irréprochable.
En dépeignant de manière assez simple tous les stades de la passion amoureuse (euphorie des débuts, disputes, rupture, retrouvailles déchirantes...) et en multipliant les hommages aux grands auteurs de comédies musicales (de Jacques Demy à Staney Donen, en passant par Vicente Minnelli), Damien Chazelle semble a priori ne pas réinventer grand-chose, mais dépoussière néanmoins le genre à travers le dynamisme flamboyant de sa réalisation, signant là une œuvre à la fois magistralement classique et résolument moderne.
Comme avec Whiplash, on reste sans voix face au « swing » que le cinéaste parvient à insuffler à sa mise en scène, au moyen d'un découpage ultra précis et de mouvements d’appareil virtuoses. L'élégance des chorégraphies, la longueur des plans-séquence (mention spéciale à l’impressionnante scène d'ouverture), la photographie et son agencement méticuleux de la couleur dans les costumes et les décors... Tous ces exploits formels viennent sublimer la magistrale bande son de Justin Hurwitz, cœur battant de ce prodigieux spectacle, dont on retient absolument tous les thèmes musicaux.
Et pour couronner le tout, en guise de méditation sur l'art du spectacle, voire de déclaration d'amour au jazz et à Hollywood, le film offre deux magnifiques portraits d'artistes, sous les traits irrésistibles de Ryan Gosling et Emma Stone (plus talentueux que jamais). Lui, est un pianiste nostalgique, désireux de monter son propre club pour faire perdurer le jazz, le vrai, tout comme Chazelle dans sa volonté de ressusciter l'age d'or du musical. Elle, est une aspirante actrice fantasmant sur l'usine à rêve. Leur alchimie, leurs réussites et leurs désillusions émeuvent aux larmes jusqu'à un final grandiose, emprunt d'amertume et de mélancolie.
On ne nous avait donc pas menti : La La Land est un émerveillement, une comédie musicale enthousiasmante, sans temps mort et suffisamment contemporaine pour séduire à la fois les inconditionnels du genre et les spectateurs néophytes.
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