Je quitte la salle de cinéma, la gorge nouée.
Je ne parviens pas à trouver les bons mots pour décrire ce que je ressens.
J’essaie de siffloter et de chantonner pour la jouer Ryan Gosling mais rien n’y fait.
La La Land est, sans aucun doute, mon plus beau souvenir de cinéma.
C’est avec maestria que Damien Chazelle nous plonge dans un Hollywood plein de promesse, de rêves et de naïveté, sublimé par une cascade de couleurs, une caméra virevoltante et une orchestration au firmament.
A mesure que le film avance, l’ivresse des débuts laisse place à la réalité et aux lendemains qui déchantent pour nos deux amants passionnés qui n’auront d’autres choix que de poursuivre leur vie séparément pour laisser éclater tout leur talent.
L’histoire de deux étoiles filantes qui se sont croisées pour mieux briller avant de se séparer.
Déjà ému par cette conclusion douce-amère, Chazelle enfonce le clou et nous offre un ultime mouvement, un épilogue bouleversant nous laissant entrevoir le champ des possibles et la fin idéale.
Un regard ébranlé.
Un instant d’arrêt comme pour reprendre son souffle.
Les lumières s’éteignent.
Le spectacle va commencer.
Quelques notes de piano et la magie du cinéma nous ramène au point d’allumage, leur rencontre marquée cette fois-ci par un tout autre tempo.
Des claquements de doigts, le pied qui tape en rythme, le cœur qui bat la cadence et nous retraçons cette idylle sans obstacle jusqu’à parcourir des décors et tableaux rendant hommage aux grands classiques de l’âge d’or hollywoodien.
Les pas de danse répondent aux sons des trompettes. C’est l’amour que l’on célèbre, l’amour idéal. Celui du cinéma. Celui dont on rêve tous, parfois en secret, depuis que l’on a l’âge de regarder des films.
On swing entre l’orchestral et le jazz, de la complainte d’un trompettiste jusqu’à atteindre l’allégresse dans une valse aérienne et étoilée magnifiée par le poème symphonique de Justin Hurwitz.
Soudain, le grand spectacle de l’amour cède sa place à l’intime et à la mélancolie.
Nous sommes assis aux côtés de Mia et Sebastian, regardant des souvenirs fantasmés, une vie à deux qu’ils ne connaîtront jamais. Des songes qui viennent apporter des réponses à cette douloureuse question : et si..?
Enfin, le rythme ralentit à mesure que le rêve se superpose à la réalité jusqu’à finir par s’évanouir complètement.
La violence du réveil contraste avec les applaudissements.
Un dernier regard, un tendre sourire et la musique redémarre comme pour nous signifier que cette belle parenthèse est terminée mais que la vie continue. Rideau.
En bousculant notre sensibilité, Damien Chazelle nous offre une conclusion puissante et spleenétique.
Pas celle que nous aurions souhaité mais celle que nous retiendrons.
La La Land n’est pas qu’un simple film musical. C’est la célébration sincère du cinéma, de la musique, de l’amour, de la vie, avec ses espoirs, ses déceptions et ses sacrifices et qui s’inscrit en nous comme une douce mélodie entêtante.