On était pas loin de la perfection, il faut bien l'admettre.
Damien Chazelle a remis ça, après un Whiplash qu'on ne présente plus et un Guy and Madeline aux 13 notes SensCritique (mais une réalisation reste une réalisation) ; il signe une nouvelle oeuvre flirtant avec la musique. Et, autant j'avais moins accroché à son film de batteur que la moyenne (avec mes chipotages de batteur, sûrement dû au fait que j'en sois moi-même un), autant, aujourd'hui, c'est la joue rouge que je ressors de la salle.
J'attendais beaucoup de la photographie de ce film, d'une part grâce aux BA, mais également après avoir vu une courte vidéo making-of d'une scène particulière ; celle des multiples panoramiques filés, entre Sebastian (Ryan Gosling) au piano et Mia (Emma Stone) dans le public, rappelant un passage de la scène finale de Whiplash. Ce style serait déjà la marque de fabrique de M. Chazelle ? Ça en a tout l'air.
Y a pas à dire, j'ai été servi. Les plans sont léchés, millimétrés. La caméra sait parfaitement où elle doit être et c'est un régal. Des plans-séquence à se demander comment la caméra a pu passer là puis s'envoler, rentrer dans l'eau, panoter à toute vitesse ; on ne sait plus où donner de la tête.
Les lumières d'un Los Angeles nocturno-crépusculaire (faut que je le dépose, celui-là), permettant de jouer avec toutes les lumières de soirée, lampadaires (allez, on va quand même placer la référence à Singing in the rain et Minuit à Paris ici), poursuite,... tout pour amuser Linus Sandgren à la photo et faire pétiller les yeux du public.
Que dire du son, mis à part que je me farcis la BO en boucle le temps d'écrire cette critique (je suis très lent à écrire et, à ce niveau de critique, je n'en ai pas encore marre, c'est dire...)
Mention spéciale au meilleur raccord son, à mon goût, entre les cuivres d'un morceau de jazz et le "doux" klaxon d'une voiture, simplement géniallissime !
La la land est drôle, donne la pêche au sortir du ciné et donnerait presque envie d'esquisser quelques pas de danse, sur le chemin du retour (qu'on se rassure, je me suis efforcé de garder ma tête d'enterrement de Parisien, dans les transports en commun). Quant aux deux acteurs principaux, ils n'ont clairement pas volé leurs récompenses aux Golden Globe.
Oui mais voilà, la petite étoile qui s'est perdue en cours de route, c'est parce que je suis vieux jeu.
Selon moi, une comédie musicale se doit d'être réglée comme une horloge pour toutes les scènes musicales. Or, exceptée la caméra, ce n'était pas toujours le cas. C'est probablement dû au style de danse de nos jours, mais, prenons la première scène du film, sur la voie rapide avec toutes les voitures. C'était un sacré bazar, désorganisé pendant de longues minutes. On regrette presque les mouvements groupés de West Side Story, ainsi que la qualité de danse des acteurs. Il faut dire que Ryan et Emma ne sont pas danseurs professionnels, on ne verra pas de pointes tendues, mais ils n'ont cependant pas à pâlir de leur prestation. Il n'est pas dit que Miles Teller (1er rôle de Whiplash) et Emma Watson, initialement prévus pour jouer les deux rôles principaux, auraient fait mieux...Et moi non plus, de tout point de vue.