Au terme d'une campagne de communication agressive, il semblait entendu que le nouveau film de Damien Chazelle allait non seulement rencontrer le public mais le combler. La La Land porterait en lui le secret du succès, celui d'un film fédérateur destiné à tous.
Il s'agit finalement de ne jamais extraire le spectateur de sa zone de confort. Tout dans le film est familier, rien ne dépareille, rien ne surprend. Ainsi, caressés dans le sens du poil, à peine sollicités, voyant défiler devant leurs yeux des images colorées dont on leur dit qu'elles sont belles, Monsieur et Madame Toutlemonde en ont pour leur argent. Ils sortent de la séance totalement ravis avant de conseiller très poliment le film à leurs amis et connaissances. "C'est formidable, ça rappelle les comédies musicales d'autrefois !"
Tout est moyen dans La La Land. La mise en scène d'abord très ostentatoire, presque insupportable dans ses mouvements trop vifs et totalement illisibles, finit par rentrer dans le rang en s'effaçant totalement. Le scénario est d'une platitude abyssale, ramassis de clichés déjà vus mille fois, n'offrant jamais la possibilité aux personnages d'exister. Ne sortant jamais des archétypes, ils évoluent sans chair et sans épaisseur. La musique semble là pour habiller le vide. Si le jazz contemporain est cité, on ne l'entend pas, la bande originale se contentant de déverser une musique d'ascenseur sans identité. Même chose pour la danse.
Tout est vieux dans La La Land, ringard, consensuel et moyen. À noter, quelques belles images de Los Angeles. La fin est plutôt jolie. Emma Stone et Ryan Gosling sont mignons tout plein, mais ça ne suffit pas.