La la land est un film beaucoup plus subtil et mélancolique qu'il n'y paraît au premier abord.
Mia et Sébastian rêvent de gloire , l'une dans le cinéma, l'autre au piano jazz. Ils se rencontrent accidentellement, se heurtent, s'écorchent, ironisent sur le coucher de soleil et le décor de rêve dont ils ne peuvent profiter faute de se plaire, se croisent, se retrouvent et finissent dans les bras l'un de l'autre. Ils ont trouvé ce qu'ils ne cherchaient pas.
Mais lorsque la possibilité de réaliser chacun leur rêve leur est offerte, les choses se compliquent ...
C'est un film sur les choix et les vies qui se croisent, se retrouvent ou s'éloignent définitivement. Les acteurs chantent et dansent avec une maladresse aussi touchante que celle de leurs premiers émois de jeunes adultes: la vie n'est-elle pas elle-même comme une grande comédie dans laquelle l'être humain doit jouer sans répétition ni rattrapage possible ?
La mise en scène est brillante et fluide, les scènes se succèdent avec des variations de rythme très agréables: joyeux tourbillons lorsque les héros sont entraînés et nous avec dans les paillettes des soirées hollywoodiennes ou l'enthousiasme de leur (fastidieux) coup de foudre, séquences longues et plus graves, où le temps paraît comme suspendu, lorsque les héros, à leur insu, se trouvent à des embranchements de leur existence.
Une comédie joyeuse et enlevée donc mais aussi grinçante et souvent ironique ; à de nombreuses reprises, le spectateur est embarqué dans des scènes qu'il croit reconnaître, des moments assez stéréotypées des comédies hollywoodiennes, scènes qui finalement tournent au vinaigre ou dont la tension dramatique se dégonfle dans une chute inattendue : on pense aux multiples scènes de rencontres ratées entre les deux héros, à la longue séquence du coucher de soleil, aux castings humiliants de Mia, pendants des photos grotesques imposées à Sébastian pour la promotion de son boysband de jazz, à la première de la pièce jouée par Mia quand le rideau tombe et que les rangs des spectateurs s'éclairent, à ce grand moment de solitude où l'héroïne prend douloureusement conscience au milieu des hurlements hystériques des fans que le succès de Sébastian n'a d'égal que la médiocrité de la musique à laquelle il s'est vendu, et à de nombreux passages encore où le ton devient grinçant.
Une comédie dans laquelle les couleurs sucrées des décors contrastent parfois avec la mélancolie des personnages, et qui nous rappelle que la vie n'est pas une romance hollywoodienne et qu'à force de regarder ailleurs ( dans les étoiles en l'occurence), on risque de perdre peut-être ce qu'on avait de plus précieux, la vie réelle avec la personne qu'on aime et dont on ne gardera finalement que la petite musique, douloureux leitmotiv de Sébastian, ou le regret d'un scénario jamais réalisé.