Portrait en triptyque de Chiron, enfant solitaire et mal aimé d'un ghetto noir, Moonlight éblouit par sa poésie et sa sensibilité. Ni film de genre sur le ghetto, ni vraiment film à charge sur l'homophobie, Moonlight raconte d'abord des histoires d'amour inattendues:
l'amour de Little pour le caïd Juan, son sauveur ; et celle de l'adolescent harcelé et mal aimé pour Kevin, son camarade hâbleur et apparemment sans faille. La rédemption est aussi au coeur de l'histoire: le dealer prend en main l'enfant qu'il sent si fragile et dont il fournit la mère en crack, la mère de Chiron finit par devenir celle qu'elle n'a pas su être pour protéger son fils et Kevin n'oublie jamais l'ami qu'il a trahi autrefois en trahissant ses propres sentiments
Chiron porte le nom d'un célèbre centaure, mi-homme mi-cheval. A l'image de la créature fragmentée, il se construit dans la déchirure permanente entre ce qu'il doit paraître pour survivre et ce qu'il sent qu'il est, tels ces enfants dont la lune révèle les reflets bleutés cachés à la lumière du jour.