Moonlight, comme son personnage principal, a du mal à se situer : le film de Barry Jenkins se présente d'abord comme un témoignage social, à vif, caméra à l'épaule dans le style des frères Dardenne, mais fait son coming-out au 2/3 du film pour se transformer en bluette romantique où un dealer bodybuildé, clone de 50 cent fait les yeux doux à son amour de jeunesse devenu cuistot. Entre les deux, le film présente le package complet du film à récompenses (drame de l'enfance, misère sociale, ségrégation, solitude, portrait homosexuel...) mais réussit rarement à devenir touchant. Les quelques fulgurances esthétiques, essentiellement portées par la musique classique, ne réussissent pas à masquer le minimalisme du scénario, une mise en scène parfois grossière et le manque de crédibilité d'un final qui frise le ridicule. Un film qui défend finalement peu les exclus et les homosexuels, mais avant tout son dessein de passer pour une grande oeuvre.