Je partais avec une idée plutôt négative du film, impossible de se protéger de la com' omniprésente et donc de l'ecoeurement autour du film.
En fait, je n'avais même pas prévu de le voir, je suis arrivé trop tard à la séance de Trainspotting 2...
J'étais donc pas dans le mood, beaucoup plus avide de voir des dégradés de gris londoniens qu'un étalage de couleurs primaires saturés étouffantes comme dans un rayon Haribo.
Et ça commençait pas fort, la musique sympa, la caméra très libre de plus en plus "norme" du cinéma américain qui cherche à choper des prix (disons ceux qui se place intermédiaire entre films débiles et films auteurs), mais en dehors de l’étalonnage immonde qui ne cesse de s'accentuer depuis l’avènement de numérique, j'ai aussi été tout de suite sorti du film par son "grain".
En effet l'éclairage donne un aspect au film très désagréable, c'est pour moins presque le plus gros point faible.
C'est pourtant pas ce que je regarde en premier, mais là j'ai presque eu l'impression d'être à la maison sur un 720p étiré par mon projecteur. La caméra est follement mobile mais les couleurs et l'éclairage sont vraiment difficiles à digérer.
Bon sang qu'est-ce que le film aurait été magnifique fait il y a 10 ans en pellicule... quitte à perdre en mouvement cam !
Bref, passons et allons à l'essentiel, car au delà de l'emballage superficiel, de la forme tout à fait nostalgique, se révèle une histoire simple et moderne.
C'est là tout l'enjeu, la forme nostalgique et lourde par sa complexité à l'image (le réa va même jusqu'à abuser des fondus comme transitions), les chorégraphies m'ont quelque-peu assommé bien qu'étant toujours des performances techniques, visibles quelques-fois uniquement comme tel...
Au delà de ça, je suis arrivé à adorer, car l'essentiel, la relation décrite entre les deux protagonistes est très simple et permet une très puissante identification.
C'est clairement une des choses qui me fait vibrer au cinéma.
Le film prend son sens dans sa deuxième moitié, une fois la rencontre passée, ce n'est pas comme dans "The Artist" qu'un "stupide" hommage au cinéma, c'est l'évocation d'une question très moderne, la question du choix.
On peut difficilement mieux cibler un public que je représente du fait de mes 25 années, qu'en évoquant la difficulté à choisir, à se projeter entre ses rêves et l'amour.
En une moitié de film, l'histoire trouve avec subtilité et malgré un discours culturellement très classique ("american dream, vive le travaille et la volonté ! et vous réussirez") comment toucher à cette multitude de vies que nous offre le monde moderne.
Tous ces embranchements et la mélancolie qu'ils provoquent alors qu'un détail contient presque un univers de possibilités.
La place du décors prend alors un sens plus profond... la nostalgie et les références aussi, ce n'est pas qu'une projection "pop-culture".
Ce film et malgré une quantité de défauts et de clichés qui gangrènent le cinéma américain, m'a beaucoup touché (crescendo qui plus est), ce qui, pour un film d'amour, me comble tout à fait.
C'est un point de vu extrêmement positif sur l'amour, c'est presque une proposition sur la forme qu'il peut prendre aujourd'hui.
Même au milieu de la superficialité extrême la sincérité peut s’épanouir, le souvenir devient alors une porte vers un univers ou seul un sourire suffit pour garantir la puissance des possibilités que représente l'autre.