J'ai pactisé avec le diable Disney

Avengers est un marqueur temporel, ce QUINTUPLE A pour reprendre les termes vidéoludiques, est indéniablement l'indicateur à chaque sortie de l'état d'une des plus grosses industries du monde. Si ce n'est pas le cas en terme d'argent, ça l'est en terme de propagande sucrée et multicolore qui imprègne l'esprit des générations futurs (et actuelles faut le dire) d'imagerie de guerre américaine justifiable.

Car si les comics étaient déjà vecteur de métaphores pro-génocides, leur échelle de relative niche en faisait un média fascinant et profondément détournable par les auteurs.
A l'échelle du cinéma, à l'échelle de Disney, tout ça c'est fini. Les réalisateurs et chaque minuscule petite main qui exécute son petit bout microscopique de film, sa petite microscopique étape de fabrication, sont des outils jetables, remplaçables plusieurs fois par films et menacé par un cahier des charges terrifiant, oscillant entre le spin-off insipide et racoleur sous couvert moral commercial, et le gros film où se bouche le nez entre chaque cuillère de salade caviar-merde, parce qu'on attend ce petit moment délicat ou l'écoeurement devient plaisir.

Pour faire simple, Disney c'est l'empire du mal, Hollywood l'étoile noire, qui nous brandit des Thanos fascistes pour nous détourner des Iron Man testeurs d'armes atomiques entre deux déjeuners avec sa petite famille dans sa maison de campagne.
Qui pourrait encore croire que Thanos n'est pas le gentil, ou au moins le moins méchant de l'histoire quand des plans finaux nous montre la terre de joyeusement à nouveau peuplée de l'ensemble de sa misère, sa souffrance, son injustice, sa normalité cauchemardesque...

Qui peut encore gober le mythe du méchant Russe et du méchant nazi à l'époque où les états-unis libérales ont trempé dans toutes les formes de génocides imaginables ?
Qui peut encore se permettre d'analyser la qualité d'un produit et non d'un film ? Peut-on encore parler de cinéma quand il s'agit de la super-production du Bayer-Mosanto de l'audiovisuel ?

Ce film ...( du coup parlons plutôt de produit )...ce produit qu'est Avengers est alors à analyser en terme marketing et social et plus sur ses qualités audiovisuelles (j'veux mettre plus d'un youtubeur au chômage...).

C'est un phénomène, la résultante du libéralisme et le satisfaction qu'il provoque chez les spectateurs qui se suffisent d'un monde horrible et d'une vie médiocre tant qu'on les gave. C'est un outil de l'esclavage moderne.

Voilà, ça fait du bien de vider son sac... maintenant que tout ça a été dit je voudrais quand même évoquer le niveau de travail et d'astuce qu'il a du falloir aux réalisateurs pour arriver à slalomer entre les dents de Disney et arriver à livrer deux films (très longs tout de même) indéniablement plus pensés et modernes que leurs congénères.
Je trouve que c'est un travail scénaristique remarquable de faire tenir tout ce bordel de pouvoirs, d'explications fumeuses et de plans sortis d'un chapeau mais montés tellement vite qu'on ne voit pas les énormes incohérences à la première vision, dans un ensemble finalement assez cohérent . Franchement je me suis dis : "eh beh les gars, quel boulot...". Donc malgré tout très impressionné, j'ai réussi à me divertir d'un bout à l'autre de ces deux produits, les Russo et leur équipe nous ont produit du burger Macdo de super super luxe et avec les ingrédients à leur disposition c'était vraiment un exercice de génie.

Dans beaucoup de film adapté, je me dis : "c'est de la B.D., c'est pas fait pour marcher en film", bah là je me suis dis que c'était adapté au maximum du possible pour un film Disney. Je dirais presque que je ne vois pas comment des réalisateurs dans leur situation aurait pu mieux faire.
J'ai rigolé, trouvé des acteurs bons dans des rôles de bonhommes en collant, j'ai eu des frissons d'enfant-fan qui attendait son spider-man en kiosque chaque semaine... je dirais même que j'ai passé un putain de moment devant ce produit démoniaque.

Est-ce que c'est bien : ça dépend si tu en as quelque-chose à foutre du monde dans lequel tu vis ou pas.
Est-ce que c'est réussi : oui complètement.