La la land jouit d'une popularité assez impressionnante depuis sa sortie, et c'est bien la raison pour laquelle je me suis décidé à le voir.
Le romantique n'est pas mon genre de prédilection, j'espérais tout de même pouvoir au moins apprécier l'aspect musical.
Je fus corrigé dès le lancement du film, puisque celui-ci s'ouvre sur une scène musicale.

Ca surprend, ça sort de nulle part, au beau milieu d'un embouteillage chacun jaillit soudainement de sa bagnole et se met à sauter maladroitement un peu partout en chantouillant des âneries, les voix sont faibles, c'est plat, la liesse et les sourires sont forcés au possible, pour décrire tout ça je ne trouve qu'une expression anglophone que j'aurais bien du mal à traduire : "Cringy as fuck".


On retrouve nos deux protagonistes au sein de cet embouteillage, et leur rencontre illustre un gros problème que j'ai avec ce film.
Mia, le personnage interprété par Emma Stone, est une connasse.
En effet, dès son apparition, on la voit relire un script dans sa bagnole, bloquant le traffic sans en avoir rien à foutre et gratifiant Sebastian (Ryan Ghostling) d'un doigt d'honneur lorsqu'il montre (exagérément) son exaspération.
Plus tard elle sympathise avec Sebastian et prévoit d'aller au cinéma avec lui mais son petit-ami lui rappelle qu'ils ont un dîner de prévu avec des amis.
Du coup elle décide de poser un lapin à Sebastian sans chercher à le prévenir, normal pour une connasse, on reste dans le personnage.
Elle se rend donc à son dîner... et se rend compte qu'elle se fait chier, elle balbutie un "désolée" et se barre retrouver Sebastian, en arborant un sourire de six pieds de long avec en fond une musique qui nous rappelle l'aspect romantique de cette scène.
"Je viens de larguer mon petit copain comme une merde et sans aucune explication, je suis une femme libérée hi hi hi".
Arrivée dans la salle de ciné remplie de trente personnes à tout casser, on s'attendrait à ce qu'elle recherche discrètement son nouvel amant, mais non, elle va se foutre devant l'écran, heureusement tout le monde à l'air de dormir dans la salle, ou alors c'est quelque chose de commun à Hollywood, du coup tout le monde s'en fout.
Bref, Mia est une connasse. Et j'aime pas les connasses.
Je peux me prendre d'affection pour un personnage lâche, stupide, colérique ou même pervers.
Mais un personnage narcissique, sans-gêne qui n'en a rien à foutre des autres me révulse, comment suis-je censé m'intéresser à sa situation quand je ne veux qu'une chose : la voir punie pour sa connassitude.


Un autre gros problème que j'ai avec ce film, c'est l'apologie de l'univers hollywoodien, de l'american dream version Broadway.
Nos deux personnages sont des passionnés, et leur passion passe avant tout.
Ce qui est totalement con.
Ils sont parfaitement irresponsables, Sebastian croule sous les factures, il se trouve un boulot de pianiste dans un restaurant et son patron lui demande clairement de s'en tenir au registre noëlique...
Evidemment Sebastian s'y refuse et se fera virer ("Quoi ? Je suis censé faire ce pour quoi je suis payé ?").
Mia quittera elle son boulot de vendeuse de café pour se lancer sans l'écriture d'un spectacle, les deux activités ne pouvaient évidemment pas être poursuivies en parallèle, mieux valait se débarrasser de sa seule source de revenue.
En soi, je ne suis pas contre ces situations, mais elle n'ont aucune conséquence, Mia et Sebastian sont des "riches-pauvres", on nous dit qu'ils sont pauvres/sans emplois, mais ils vivent bien, portent de beaux vêtements, conduisent de belles voitures ("Regardez ma Prius™ Hybride !"), à aucun moment le manque d'argent n'a d'influence visible.
Le film paraît donc encourager ces comportements; vivez vos rêves, quittez vos jobs chiants et utiles, devenez artistes, passez des castings, si vous persévérez vous finirez par réussir dans la vie en remportant un télécrochet.


La dernière chose qui me fait grincer des dents, c'est la réussite de Mia.
Elle devient finalement actrice, évidemment, puisque Hollywood récompense toujours les irresponsables.
On pourrait s'attendre à ce que le film nous la montre sur les planches... mais non, on découvre sa nouvelle situation quand elle rentre prendre deux cafés sur son ancien lieu de travail.
Elle est immédiatement reconnue et les deux employés se sentent immédiatement honorés de l'opportunité de lécher ce cul célèbre.
"Vous êtes riche, laissez nous vous offrir des trucs gratuits."
En somme, le but n'était pas de vivre de son "art", de faire rêver quelques spectateurs ou d'autres conneries de ce genre, mais bien d'intégrer le "star system", d'atteindre un statut supérieure, de briller et d'éblouir le bas peuple.
Porter de grosses lunettes noires, des vêtements de couturier et avoir tous les boeufs présents fixer leurs regards vides sur votre personne, affichant de grand sourire pour marquer ce moment extraordinaire qui réchauffe leurs pathétiques vies d'anonymes tandis que vous rentrez à votre château.

fanofdreams
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le 17 avr. 2017

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