Tous les amateurs de cinéma horrifiques se souvienne du Wishmaster de Robert Kurtzman produit par Wes Craven, cette petite série B efficace qui a fait les joies des vidéoclubs et qui a engendré trois suites (à la qualité plus ou moins discutable). Une bobine dans laquelle un génie exhaussait les vœux de manière un peu détournée jusqu’à ce que mort du demandeur s’en suive. Une revisite du mythe d’Aladdin en quelques sortes. Oui, mais combien d’amateurs de cinéma horrifique se souvienne de The Lamp (The Outing de son titre original) sorti en 1987, lui aussi traitant d’un djinn démoniaque qui, une fois sa lampe frottée, va faire tout un tas de victimes ? Beaucoup moins. Il faut dire que, jusqu’à il y a peu, The Lamp n’avait eu droit qu’à une sortie VHS dans nos contrées. Jusqu’à il y a peu, oui, car désormais, grâce à l’éditeur un peu fou Pulse Video, c’est en blu-ray que vous pourrez découvrir ce petit film d’horreur oublié et pourtant des plus sympathiques et attachants, et en version intégrale ! Un film fait avec trois bouts de ficelles, mais un film fait avec le cœur.
The Lamp, c’est un petit film d’horreur indépendant où tout le monde a mis la main à la patte pour qu’il voit le jour, le genre de petit film familial qui malgré un budget limité (IMDB parle de 2M$ mais c’est sans doute moins) a essayé de faire les choses bien. Point de grosses têtes d’affiches, un casting d’acteur inexpérimentés dont certains qui trouveront ici leur seul et unique rôle, un metteur en scène qui n’aura rien réalisé d’autre, mais une envie de proposer autre chose qu’un énième slasher, sous-genre horrifique qui a fait eu son heure de gloire dans la première moitié des années 80 mais qui commençait sévèrement à s’essouffler. Mais là où le djinn de Craven réalisait quoi qu’on en dise les souhaits de ceux qui se frottaient à lui (et pourraient), le djinn de The Lamp a juste envie de semer le chaos et de faire le plus de victimes possible dès qu’il sera libéré de cette prison de métal. Mais revenons-en au début. Quel est le scénario du film ? Oh ben nous sommes dans un film d’horreur des années 80, alors il s’agit une fois de plus d’un groupe de jeunes qui vont aller dans un endroit pour jouer à touche-pipi et qui vont se faire massacrer un à un par la créature. Alors vous, si vous étiez dans la même situation et que vous vouliez trouver un endroit tranquille pour boire des bières et tripoter votre moitié du moment, vous iriez chez un(e) pote dont les parents ne sont pas là ou quelque chose du genre, c’est logique non ? Eh bien dans les films non. C’est toujours dans une maison hantée, dans un cimetière, dans une forêt lugubre et autres joyeusetés. Dans The Lamp, notre groupe de décérébrés s’est dit que, tiens, puisque le papa de l’héroïne travaille au Musée d’Histoires Naturelles de Houston, si on allait y squatter une nuit quand il n’y a plus personne, histoire de tripoter des boobs ou titiller du macaroni en compagnie de corps momifiés, des masques étranges et de squelettes de dinosaures ? Pourquoi pas après tout, c’est original. Et puis c’est logique que ce soit là où soit amené une lampe étrange vieille de plusieurs milliers d’années.
The Lamp possède tous les codes du cinéma d’horreur des années 80 avec son groupe de jeunes pas très fût-fût à la durée de vie limitée, des meurtres, des effets gores, et bien entendu des boobs. Le spectateur donc assister au massacre des protagonistes du film (le bodycount est de 16) dans des morts plus ou moins graphiques. Crâne fendu à la hache, corps coupé en deux dans l’eau, empalement avec une lance, jugulaire arrachée par une momie qui reprend vie, décapitation avec un ventilateur de plafond, morsures mortelles de cobra, … Sans doute faute de budget, certains meurtres ne nous sont pas montrés frontalement, mais on soulignera malgré tout l’envie de ne pas se répéter et chaque mise à mort se démarque de la précédente. On aurait aimé que le sang coule un peu plus mais les effets pratiques sont éminemment sympathiques. Dommage également que l’animatronic du djinn soit un peu gâché par des effets visuels grattés à même la pellicule pour lui donner un effet magique, ne rendant pas forcément hommage au travail fourni. On regrettera aussi que les mises à mort ne soient pas mieux dispatchées tout au long du film. Il y en a plusieurs dans l’introduction, énormément dans la dernière demi-heure, mais entre les deux, c’est le calme plat. Pourtant, The Lamp demeure malgré tout amusant du début à la fin, en particulier grâce à son côté un peu ringard et désuet aujourd’hui, ce que les américains qualifient de « cheesy ». Le jeu des acteurs est assez bissextile, certaines situations sont improbables (l’agent de sécurité qui chante de l’opéra), les dialogues sont souvent délicieusement crétins, et puis il y a du plan boobs gratuit et ça, ça ne peut que donner encore plus de cachet à The Lamp. Mais tout n’est pas délicieusement kitch, il y a aussi de vraies bonnes choses dans cette entreprise. La mise en scène tient réellement la route, avec des cadrages et une photographie certes très dans leur époque mais vraiment intéressants, tout comme l’ambiance sonore qui vient amener un aspect soigné à l’ensemble. Tout cela, couplé à la créativité de l’ensemble, fait que The Lamp se regarde très facilement et permet même de passer un bon moment.
Longtemps introuvable, The Lamp est un petit film d’horreur rigolo qui pourrait s’apparenter à un croisement improbable entre Une Nuit au Musée et Wishmaster. Ses nombreux meurtres et son côté ringard en font un sympathique divertissement.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-la-lampe-de-tom-daley-1987/