Les conséquences irréparables de l'amour sélectif d'un père pour ses fils, dans un drame implacable, révoltant et profondément bouleversant. Une tragédie familiale tellement universelle qu'on en oublie vite le cadre westernien.
Dominant le casting, il y a Spencer Tracy, impressionnant et monstrueux, refusant obstinément son amour à ses fils aînés nés d'un premier mariage et donnant tout à sa seconde femme et son fils cadet. Il ne s'agit pas d'un père sans coeur, mais d'un père qui choisit qui il veut aimer au sein de sa famille, ce qui est bien plus destructeur. C'est criminel de faire naître cette haine contre nature dans le coeur de ses fils. Un rôle difficile et ambigu que Tracy assume avec brio et finesse.
Le reste du casting est à la hauteur du patriarche : Katy Jurado en belle-mère douce et aimante, Richard Widmark en fils aîné débordant de rancoeur et de douleur rentrée, Robert Wagner dans la position inconfortable du fils élu par le père mais haï par ses frères, et Jean Peters, pas du tout intimidée par le patriarche.
On est ensuite frappé par la justesse extrême des dialogues et des relations entre les personnages. Je suis toujours particulièrement bouleversée par la scène entre Tracy et Widmark où le fils aîné ose enfin se révolter ouvertement contre son père en s'opposant à sa volonté. Widmark dit son texte en bégayant par moments, et je trouve ça brillant. On sent vraiment qu'il ouvre les vannes et ça donne une idée sur sa souffrance contenue depuis des années. Tout sonne vrai et l'empathie est totale.