J'ai beau prôner une totale ouverture d'esprit, une curiosité pour chaque chose, chaque domaine, ne privilégier aucun genre de film au profit d'un autre, je dois malheureusement bien avouer une certaine aversion envers le drame costumé, envers la romance sous ombrelle. Je n'y peux rien, les amourettes de jouvencelles m'emmerdent profondément. Et pourtant, "La leçon de piano" fait partie de mes films préférés.
Plus que les mots, Jane Campion se sert de l'image et du son, des paysages sauvages de Nouvelle-Zélande et de douces notes de musique pour traduire les violents sentiments de ses personnages, leurs douleurs et leurs frustrations enfouies en eux.
Filmant les corps avec une infinie sensualité, morceaux de chair emprisonnés par les convenances mais qui ne demandent qu'à sortir, Jane Campion transcende un genre trop souvent corseté et lui rend toute sa beauté et son âpreté, chaque plan étant un pur instant de grâce, un moment intense de poésie et d'émotion.
Porté par un casting magnifique allant d'une Holly Hunter habitée par son rôle à Harvey Keitel, aussi romantique qu'impressionnant, en passant par Sam Neil, une fois de plus impeccable en mari éconduit et une Anna Paquin adorable et toute jeunette, encore bien loin de "True Blood", "La leçon de piano" est un chef-d'oeuvre incontestable qui aura accomplit le tour de force de prendre mon coeur au lasso, lui qui d'habitude ne bat que pour les grandes épopées et non pour les futiles histoires de coeur. Respect.