La Leçon de piano par Marine Boulade
Difficile de décrire l’impression que donne ce film. Jane Campion signe ici selon moi son meilleur film, ce qui n’est pas peu dire car j’adore cette réalisatrice.
Une chose frappe dès les premières minutes de ce film : Ada,le personnage jouée par Holly Hunt est la chorégraphe de sa vie. Elle règle ses habits et sa coiffure au millimètre, et la manière dont elle se meut est une danse surprenante et incessante. On la regarde halluciné aller et venir, ses mouvements sont envoutants. Je n’ai jamais été aussi séduite par la démarche d’un personnage à ce point.
Bien sur, qui dit danse dit musique, et là, Michael Nyman a fait un travail magnifique. Le thème revient tout au long du film, sans être omniprésent. Il jaillit, gonfle, au rythme de la mise en scène, pour suivre le développement romanesque du film.
Tous les acteurs sont justes dans leurs rôles :
La jalousie du mari frôle souvent la folie, y tombe parfois : Jane Campion met en lumière les pulsions et la folie humaine avec une grande poésie, et, il est d’ailleurs assez surprenant de le remarquer, avec une certaine dignité.
Il est très étrange de voir cet étranger pervers se transformer en amant amoureux, mais cette transformation se fait avec beaucoup de sensualité, et d’érotisme. Erotisme et sensualité, d’ailleurs, continuent de jalonner le film avec entre autre le moment où Ada caresse le corps de son mari alors qu’elle refuse qu’il la touche qui est d’une tension sexuelle insoutenable.
The Piano est donc sans conteste un film troublant et troublé mais c’est un film magnifique.