Je n'attendais pas grand chose du film et ... c'était pire que ce que je pensais.
L'ambition du film est déjà assez étrange : prendre la figure d'Hercule pour un péplum. Et c'est un énorme problème du film : Rémy Harlin n'a pas compris qui était Hercule et à quoi il était destiné. Bien évidemment que l'on peut modeler les personnages mythologiques comme l'on le souhaite (surtout quand on a un projet derrière,cf Pasolini), mais le script semble être fait pour un autre héros, pas pour Hercule dont le point d'orgue est les douze travaux et pas une sombre histoire de vengeance d'une sorte d'élu qui va sauver sa belle contre un méchant tyran qui est son faux papa.
Ce héros ressemble bien plus à un mix entre des figures bibliques et les héros de péplums voire de films de super héros des dernières années (Samson, Maximus Decimus, Jésus, Thor).
Et en dehors de ce choix étrange, l'on peut même se demander la raison du choix chronologique totalement absurde : -1200, les Grecs dominent l'Egypte, ont des colonies en Sicile et sont des grands fans des gladiateurs. Et l'histoire commence par cette date qui est un autre choix bizarre, parce que ça n'apporte que des incohérences.
Pour finir, troisième choix qui m'a rebuté : trop d'iconographie chrétienne : la pleine lune pour l'amour, le plagiat de Samson, Hercule qui est vu comme "le sauveur", la naissance qui ressemble beaucoup à celle de Jésus avec un Zeus qui est plus une sorte de Dieu chrétien avec une femme pas tout le temps contente et tout ce coté ultra pudique qui rend des moments ridicules (pas de sang dans les combats par exemple).
Parce que tout ça fait bien plus que gêner : on ne vit pas une histoire d'Hercule en Grèce, mais tous les canons font que le film baigne totalement dans une culture chrétienne avec des hoplites et des gladiateurs.
Bon, maintenant que les cadres spatio-temporels définis sont ultra bancals, autant parler du film. Et à la différence d'un 300 et même d'un Pompéi, c'est un film qui se prend beaucoup trop au sérieux et qui arrive à joindre à cela des dialogues foireux, des jeux d'acteur très moyens (mention spéciale à Kellan Luntz en Hercule) et des personnages qui sont des caricatures sur pattes. On ne croit pas une seconde aux personnages qui ne possèdent pas plus d'un trait de caractère.
Pour le synopsis, Hercule est le fils de Zeus et de la reine Alcmène de Thèbes, mais officiellement le fils du roi Amphitryon qui sait que ce n'est pas son fils et va placer son autre fils Iphiclès au trône. Quand Hercule tombe amoureux de la princesse de Crête, Amphitron la donne pour épouse à Iphiclès et envoie Hercule à la guerre où il est réduit en esclavage. Hercule va donc essayer de revenir à Thèbes pour empêcher le mariage de sa bien-aimée. Le synopsis ne vole pas très haut, mais mis en film, le scénario est encore pire, la fin va vous faire bondir par son illogisme total.
On sent une énorme inspiration de 300 dans les combats, mais c'est une mauvaise parodie puisque les combats restent très pudiques (absence de sang) et abusent totalement des effets n'importe comment, ce qui les rend lamentables. Cela ne laisse que très peu de scènes agréables (celle où Sotiris se fait arrêter est une des rares), le film est de ce fait très lourd.
Pour finir, qu'est-ce que Hercule est mal fait ... c'est un demi-dieu qui bute des lions géants (certes en synthèse dégueulasse), mais qui arrive de se faire arrêter ou piéger dans des situations impossibles pour un type censé être aussi fort. C'est également pour ça qu'on a du mal à le croire, Hercule passe plus pour une sorte de type normal qui reçoit des supers pouvoirs et une super force quand Papa Zeus veut lui filer.
Qu'est-ce qu'il reste de ce film? Et bien, comme presque tout est raté, il est marrant à voir, mais de façon involontaire, tellement il multiplie les erreurs. Mieux vaut le voir pas plus d'une fois, parce qu'on sent l'heure 30 passer, sinon.