La peau-neuve de l'ours avant de l'avoir tué

Vieux récit aussi épique que poussiéreux, Beowulf a déjà inspiré le septième art pour le meilleur ( le 13e Guerrier ) et pour le pire ( le Christophe Lambert ). Armé de sa nouvelle technologie virtuelle décomplexée, Robert Zemeckis entend livrer une version jeune, sauvage et brutale du chant millénaire. Pour ce, il va s'offrir les services de Neil Gaiman et Roger Avary qui vont écrire une adaptation des plus intelligentes de l'histoire des adaptations.


Dans le récit originel, le vaillant Beowulf tue Grendel en lui arrachant un bras, puis sa maman en lui coupant la tête, et des années après un dragon furibond qui n'a pas de lien avec le début, il vient juste pour faire chier. En extrapolant sur les évènements survenus dans l'antre de Maman Grendel, forcément connus de Beowulf seul, le scénario du film estime qu'il a menti comme un arracheur de dents et qu'une union secrète et hideuse a eu lieu.


Ça a pour effet d'enrichir considérablement la troisième partie : le vieux Beowulf devenu Roi est aussi tourmenté que Macbeth, et le dragon qui vient tous crocs dehors n'est autre que son rejeton ! Seul un duel à mort expiera sa faute.


De plus, comme le conte s'est manifestement vu ajouter de fines allusions monothéistes par le ou les moines chargés de le coucher sur le papier, le film montre l'apparition et la progression fulgurante du Christianisme dans ses contrées du nord, notamment à travers le personnage de John Malkovitch qui prend la soutane et le crucifix à mi-chemin.


Non content de ça, Zemeckis va mettre toute sa folie masturbatoire au service de son film. Des plans de fou ! Tout le temps. L'abandon de l'outil-caméra lui permet les fantaisies impensables qu'il fantasmait parfois dans ses films précédents sans toujours pouvoir les rendre tangibles ( What Lies Beneath étant le plus gerbant. )


La texture de ce monde factice magnifie les terribles accès de violence graphique aux effusions de sang ultra-stylisées (Je n'ai vu que le Director's Cut) et les scènes de rêves trippantes.
Avec Beowulf Zemeckis signe un des meilleurs films de sa carrière, et prouve qu'il n'est pas seulement l'instigateur de cette nouvelle technologie, il en est le maître absolu.

mikeopuvty
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le 2 mars 2012

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Mike Öpuvty

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