Légende géorgienne
Deuxième film de Sergueï Paradjanov (en collaboration avec Dodo Abachidze ici) vu pour l'instant, et manifestement le style déjà très singulier que laissait entrevoir "Sayat Nova - La Couleur de la...
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le 22 mars 2022
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Deuxième film de Sergueï Paradjanov (en collaboration avec Dodo Abachidze ici) vu pour l'instant, et manifestement le style déjà très singulier que laissait entrevoir "Sayat Nova - La Couleur de la grenade" semble être une marque de fabrique. Un style que l'on pourrait résumer en une succession de tableaux en plans fixes pour conter une légende — géorgienne, ici, ou arménienne — dans un ton graphique qui s'impose très fortement et très rapidement. Les couleurs, les compositions du cadre, l'immobilité des plans, et de manière plus prosaïque les mouvements des hommes et des animaux au sein de ces cadres : c'est une petite collection de détails très significatifs quant au style global. Peut-être est-ce une conséquence de la préparation à ce qui m'attendait, mais ce conte toujours à la lisière d'un surréalisme très poétique est beaucoup mieux passé que "Sayat Nova".
Mais pour apprécier "La Légende de la forteresse de Souram", en ce qui me concerne en tous cas, il faut accepter de lâcher la bride en termes de compréhension et se laisser guider a minima par le flux d'images. Le fil rouge narratif est bien là, autour de cette forteresse qui ne cesse de s'écrouler, de cette croyance pour stopper la malédiction, et de ce jeune homme qui acceptera de se faire emmurer vivant dans cette forteresse. Mais disons que si le trait global est intelligible, une foule de détails m'est vraisemblablement restée inaccessible. Clairement je me suis perdu dans beaucoup de détails, de situations, de contraintes, de péripéties. Mais tout aussi clairement, l'empreinte graphique du film est incroyable, c'est bien sûr un spectacle hypnotisant, qui se vit presque comme un rêve éveillé avec ses couleurs étranges pour donner vie à des tableaux mouvants.
D'un côté l'esthétique renversante, de l'autre cette liberté de ton (qui plus est en Union soviétique) assez déroutante, un peu lassante sur la durée pour le dire poliment. Difficile d'entrer en empathie, de ressentir quelque chose dans ce voyage mystérieux — qui a au moins le mérite de faire toucher du doigt des rites et des croyances relevant d'un exotisme peu connu. Trop ésotérique, souvent, mais un peu moins que "Sayat Nova" ceci dit. Il n'est pas inutile toutefois de mentionner qu'il s'agit du premier film de Paradjanov en 15 ans, victime de la censure, du goulag, et autres moyens de coercition soviétique qui l'ont maintenu éloigné pendant plus d'une décennie de tout processus créatif.
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Créée
le 22 mars 2022
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