Hiroshi Inagaki a réalisé une trilogie autour de Musashi, ce samouraï légendaire dont La Légende de Musashi est le premier volet. Un premier épisode qui nous raconte comment « Musashi » est né. Car avant de devenir un célèbre samouraï, il était un jeune homme violent, rejeté par les siens et connu sous le nom de Takezo.
L’histoire commence avec la fameuse bataille de Sekigahara (1600). Elle a marqué la fin de l'époque Sengoku et le début de l'époque d'Edo. Tokugawa Ieyasu, général qui mène la bataille obtiendra de l’empereur le titre de Shogun. L’histoire de Takezo prend place dans ce contexte qui voit peu à peu émerger l’unité du Japon mais qui est encore une période de violence et de chaos. La Légende de Musashi nous dresse un tableau sombre de cette période : les homme se ruent sur les femmes mais les femmes se ruent également sur les hommes, à la recherche de quelqu’un pour les protéger. Les gamins se jouent des suppliciés. Le mensonge, la trahison sont monnaie courante.
Takezo qui rêve de grandeur, d’exploits guerriers va d’abord faire l’expérience du rejet, de l’injustice, de l’humiliation. Il va également être confronté au moine Takuan, un homme assez ambivalent… Réduit à l’impuissance par lui il ne peut que lui crier : « sale concombre monastique! »
L'initiation et la transformation intérieures de Takezo sont uniquement suggérées et on reste sur notre faim de ce point de vue. Le film ne s’attarde pas sur son intériorité mais uniquement sur les événements, les personnages et l’intrigue. Le film passe certainement ainsi à côté d’un élément qui aurait pu donner plus de souffle et de profondeur à cette histoire.
Quelques batailles émaillent le récit. Elles sont complètement fouillis et n’ont rien à voir avec les belles batailles bien chorégraphiées des films d’arts martiaux mais elles sont justement intéressantes à regarder pour ça !
Quelques scènes marquantes jalonnent également l’histoire telle celle où Takezo/Mifune se trouve saucissonné et suspendu à un arbre.
Toshirō Mifune campe à merveille ce personnage impulsif et colérique mais aussi intègre et honnête.
La Légende de Musashi manque de souffle et souffre d’un manque de cohésion dans l’enchaînement des séquences, mais c’est un film qui se regarde avec plaisir et qui donne envie de voir les deux volets suivants.
Ces deux volets montrent l’évolution du personnage :
Musashi : Duel à Ichijoji : contient les mêmes forces et faiblesses que le précédent volet. Dans ce nouvel épisode, Musashi continue à mûrir. Il évolue en écoutant et acceptant de recevoir des conseils de personnes rencontrées : « Tu n’est pas encore un véritable samouraï. Tu ne resteras toujours qu’un homme brutal. Tu es trop fort, décidément trop fort »
La Voie de la lumière, dernier volet nous montre un Musashi enfin devenu sage après plusieurs années de travail sur lui-même. Il a renoncé à la gloire et sa nouvelle arme est devenue la pioche qu’il manie en travaillant la terre. Il va cependant accepter un combat avec un adversaire à taille : très belle séquence qui conclut la trilogie. Combat mené au bord de l’océan sur fond de soleil levant.
Je ne peux pas dire que cette trilogie m’a passionnée, en particulier en raison de la romance envahissante et traitée de manière un peu lourde. Mais c’est une trilogie que j’ai apprécié de découvrir.