Du bon film de genre...

Zatoichi revient dans un village se recueillir sur la tombe d'un soldat qu'il avait tué par erreur. Il participe à une fête des villageois, qui ont réussi à payer la taille de 1000 pièces d'or malgré les mauvaises récoltes. Mais la taille est volée par un mystérieux mercenaire, Jushiro, pour le compte de.... Bref, l'important est que Zatoichi est accusé à tort et doit trouver le coupable.

Zatoichi passe à la couleur ! On perd un peu du côté dépouillé, minimaliste du premier film, mais ne boudons pas notre plaisir.

Les ingrédients sont là, et ils sont bons : des décors soignés, souvent beaux, de la place du village à cette tombe encadrée de trois pins, en passant par la cour de la maison de l'intendant, les scènes de forêt... Il y a bien sûr une scène de défi d'adresse au sabre (couper une pièce en vol), une scène de jeu, une scène de bain. Ici Zatoichi tue vraiment pas mal de monde, je trouve que ce déchaînement situe plus le film dans la catégorie du divertissement que dans un vrai développement du personnage, dommage.

Au niveau des acteurs, Shintaro Katsu est toujours irréprochable dans son incarnation d'un être à l'apparence faible, maladroite, mais qui se transfigure au moment des combats. Les autres personnages sont bien campés et attachants : le bandit Chuji, barbu hirsute mais guerrier droit ; le mercenaire cruel Jushiro, joué par le frère de Katsu (connu comme premier rôle de la saga des Baby Cart), bon cavalier et adepte sadique du fouet. Les personnages féminins auraient peut-être mérité un plus grand développement (notamment la geisha).

La mise en scène est efficace, assez épurée, mais le rythme du film est un peu étrange. A commencer par le générique, un travelling vers la droite avec un fond noir et des projecteurs, où l'on voit Zatoichi tuer groupe de méchants sur groupe de méchants (un peu comme dans un beat'em up). Quelques originalités, comme la scène où la nouvelle du vol des 1000 pièces se répand : on voit des inserts de personnages épleurés enchaînés sur un travelling très rapide qui crée un flou. Les scènes de combat sont bien, un peu trop nombreuses et répétitives, mais heureusement le jeu de jambe incroyable de Katsu sauve le tout. Ah, et il y a des scènes de torture pas piquée des vers (reprises dans Samurai Champloo ?). Le combat final est anticlimactique, comme souvent (cf Sasaki Kojiro et Miyamoto Musashi dans "La pierre et le sabre").

Le problème se situe plutôt au niveau du scénario. Il ne faut pas longtemps pour comprendre qui peut être derrière le vol des 1000 pièces, et le film ne fait rien pour entretenir le suspense. Par ailleurs le scénario n'explique pas comment la caisse d'or, sur laquelle Zatoichi s'assied, finit quand même par se retrouver entre les mains de Jushiro.

Il y a donc quelques petites conneries, mais on passe un bon moment devant ce film de genre qui respecte bien les codes de la série.