Ça ne brille toujours pas au firmament. Encore des profusions de pathos et d'explicite, avec cette fois une romance sortie de nulle part. D'un film à l'autre, tantôt Ichi repousse la belle, tantôt il s'y livre corps et âme en deux minutes jusqu'à être prêt à perdre son bras droit en pleurant à genoux devant un ennemi à qui il doit un combat. J'arrive pas à cerner le personnage, l'enchaînement de films est complètement schizo.


Dans le script on sent une intention d'explorer les remords du gars, et pourquoi pas, mais y a tellement peu de talent à chaque niveau de la mise en cinéma de cette histoire que ça ne marche pas. Le scénario est encore une fois écrit à la craie grasse, le tournage est chaotique, une coupe sur deux est pas raccord, le montage à la feuille de boucher livre un ensemble mal rythmé et chiant comme la lune. Ça manque d'un liant entre les composantes du film, d'une vision d'auteur qui apporterait une cohérence et une intelligence au merdier. Tout le monde est en roue libre, d'un film à l'autre on sait pas où on veut aller avec ce Zatoichi, au sein du même épisode on sait pas où on veut aller avec ce Zatoichi.


Là où le film s'effondre pas complètement c'est dans sa photo. Les acteurs prennent le feu de l'enfer dans la gueule pour un clair-obscur très dur, bouché la plupart du temps. C'est pastel, sombre, brutal, organique, glacial. Chikashi Makiura c'est le futur chef op' des Lone Wolf and Cub, que dire de plus. Ce type insuffle une noirceur à sa lumière et à ses couleurs... il me fait rêver.


Mais c'est un film, pas une expo, un DP talentueux qui se paie un freestyle au milieu d'un gros bordel ça rattrape pas tout. L'atmosphère visuelle ne me suffit pas à oublier la grossièreté de l'œuvre. Tout ce que cet épisode essaie de faire passer – propos, émotions – se fait à la truelle, dans l'explicite le plus crasseux. Même les mimiques d'Ichi commencent à me lasser, elles n'ont plus tellement le naturel des deux premiers films.


Je me suis mis en tête de voir toute la saga. Con comme je suis je vais aller au bout. ):

Scolopendre
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le 18 mai 2022

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