Zatoichi contre Yojimbo est le 20e épisode de la saga et il se démarque de ceux qui l’ont précédé. D’abord par sa longueur puisque l’épisode fait presque 2h (contrairement à l’indication de la fiche de SC). Ensuite et surtout parce qu’il nous offre un face à face entre notre antihéros Zatoichi, et Yojimbo campé par un monstre sacré du cinéma japonais Toshirō Mifune qui reprend là le personnage qui était le sien dans Le garde du corps de Kurosawa (1961). Quel régal de voir ces deux acteurs s’affronter !
Zatoichi se rend dans un petit village dont il a gardé des souvenirs fleuris et heureux ! Un petit village paisible où se font entendre les gazouillis, où l’on sent l’odeur des pruniers et surtout où l’on peut tenir la douce et chaude main de la belle Umeno. Mais voilà, comme on pouvait s’y attendre, quand Zatoichi arrive, le village n’est plus celui qu’il avait connu… Fini la douceur de vivre. Le village est tombé aux mains du parrain Masagoro et c’est la violence qui règne partout. Désormais, à l’entrée du village des dizaines de statuettes de pierre, inquiétantes, représentent les 130 victimes du village et se dressent telles des accusatrices qui hantent les consciences. Quant à la belle Umeno, elle a été condamnée à se prostituer. Qu’est-ce qui rend les hommes fous dans ce village ? La présence d’une grande quantité d’or cachée et dont seul Masagoro connaît la cachette.
Yojimbo est chargé de tuer Zatoichi pour une forte somme d’argent qui le motive. Le premier combat entre les deux hommes a lieu rapidement mais il avorte. Yojimbo étant sous l’emprise de l’alcool, il est incapable de se battre. Une relation complexe s’établit entre les deux sabreurs qui s’appellent mutuellement des doux noms de « monstre » et « brute ». Elle aboutira à un combat final, que l’on attend bien sûr durant toute la durée du film. Combat qui est précédé d’une bataille entre Zatoichi et un groupe d’assaillants, sous les flocons de neige mêlés à de la poussière d’or.
Dans cet épisode, les personnages sont nombreux, ils ont de multiples facettes, révèlent des côtés d’eux-mêmes inattendus. Les scènes de combat sont relativement nombreuses. L’atmosphère est sombre, pesante et tendue. Mais l’humour n’est jamais totalement absent de cette saga... Ainsi on prend plaisir à voir Zatoichi étreindre les statuettes avec une dévotion inaccoutumée et répéter comme un mantra : « Bouddha miséricordieux ». Au-delà de l’humour, c’est bien de miséricorde dont ces hommes ont besoin, eux qui se comportent pire que des bêtes, déformés par l’avidité de l’or, tuant leurs proches, rampant au sol pour atteindre cet or convoité.
- Je ne le comprends pas. Ce monstre, il risque sa vie sans que ça lui rapporte. Je ne le comprends pas...
- Il est comme ça. Il ne travaille pas pour l’argent. Ce n’est pas son genre.
Et pourtant l’avant-dernier plan nous laisse voir que ce n’est pas si simple. Notre Zatoichi n’est lui aussi qu’un homme !