Après avoir grandement aidé à faire renaître le genre de ses cendres en tant que réalisateur et producteur, puis devenant son fossoyeur (plus symbolique pour le coup) avec The Blade, voilà que Tsui Hark décide de nous pondre un nouveau Wu Xia Pian, La légende de Zu, qui a d'ailleurs peu de rapport avec l'original, sinon le cadre et grosso-modo un peu le fil directeur. Et franchement j'ai bien aimé l'aventure proposée.
Je comprends ses nombreux détracteurs tant Tsui Hark pousse le bouchon encore plus loin dans cette entreprise en proposant une histoire qui se déroule presque totalement sur la montagne de Zu avec ses innombrables combats d'immortels (magnifique ce plan où ils s'envolent) unis contre un démon surpuissant. Mais pour ma part j'y ai trouvé un certain charme, on dirait du comic book revu par les chinois, avec surtout Cecilia Cheung, sublimée comme jamais et qui ressemble beaucoup au personnage de Brigitte Lin, du moins physiquement, ce qui donne un petit air de déjà vu sympa, du moins si on a apprécié le premier Zu.
Et j'ai même accroché à l'histoire, pleine de fantaisie, d'ailleurs plus simple à suivre que celle du précédent opus (bien qu'encore un peu bordélique avec sa dizaine de personnages à suivre), vu qu'on prend plus de temps à décortiquer cet univers foisonnant avec des thèmes nouveaux et forts tels que l'immortalité, l'éternité, et le rapport maître-disciple. Et pour nous faciliter un peu plus la tâche, Tsui Hark utilise Yin et Yang à tout bout de champ pour représenter les différents combats (contre soi-même, le démon) et relations tantôt amoureuses (le trio Ciel/Tonnerre/Arcane), tantôt fraternelles, du coup on n'est jamais trop perdu au sein de cette saga dantesque qui aurait mérité le double en termes de durée vu ce qu'elle a à raconter.
Alors certes, les effets spéciaux alternent entre le mauvais (les incarnations du démon et les armes des deux amoureux en CGI) et le bon, mais c'est souvent au service d'idées vertigineuses, comme les deux épées géantes qui fusionnent et les prises de vue flamboyantes et démesurées sur ce royaume et ces combattants aux prises de forces d'un autre monde. Ainsi, une certaine poésie s'en dégage, et j'ai même trouvé le résultat plus réussi, sincère et cohérent artistiquement parlant que les Detective Dee, jusque dans les choix parfois un peu foireux, bien que je reconnaisse leur supériorité technique. L'un des rares films que Tsui désavouera, mettant pourtant à l'œuvre cette même marque de fabrique alternant moments de grâce et sceynettes parfois embarrassantes, nés d'une vision et d'un savoir-faire capables de repousser les limites des standards, pour le meilleur et le pire.