Le cinéma comme je le conçois est un voyage, une invitation d'un metteur en scène à nous faire entrer dans son univers, de nous faire vivre les événements et surtout de nous les faire ressentir, que ce soit la tristesse, l'humour, l'attachement ou encore la peur.
Bon nombre de cinéastes m'auront fait voyager et auront participé à faire grandir, encore et toujours, ma passion et mon amour pour le 7ème art, Tsui Hark en est un des plus grands. De ma première expérience dans son univers avec le fabuleux Peking Opera Blues jusqu'à ce dernier film manquant en attendant ses prochaines sorties, il aura su me faire vibrer, plus que bien d'autres, grâce à sa perpétuelle remise en question, ses expérimentations visuelles, narratives ou encore musicales, sa créativité et surtout les sensations qu'il véhicule par le biais de ses films.
La Légende de Zu est loin d'être une oeuvre majeure dans l'univers de Tsui Hark, mais elle est représentative de ce maudit génie, et de ce que je peux chercher dans le cinéma. Il ne se fixe aucune limite, expérimente, et t'invite à rentrer dans son monde, dans un univers particulier, où il va forcément tenter de te foutre un uppercut en pleine poire et de te prendre aux tripes. C'est une oeuvre folle, barrée, très ambitieuse, surement trop d'ailleurs mais fascinante quand même.
Il ne faut pas forcément chercher une quelconque compréhension de l'histoire, il faut juste adhérer et rentrer dans le trip, ce qui n'est pas simple et je suis déjà passé à côté. Tant dans le visuel que la narration, le cinéaste expérimente, trop d'ailleurs, il le reconnaîtra lui-même pour ce qui est des effets spéciaux, où ici le résultat est décevant, et même moche à certain moment. Tout s'enchaîne vite, trop même, mais le récit de base reste tout de même fascinant, tout comme l'univers qu'il décrit.
Là où La Légende de Zu est réussie, c'est tout simplement dans l'aspect spectacle, et là, Tsui Hark est bien aidé par Yuen Woo Ping qui se montre bien inspiré pour les chorégraphies, rendant quelques séquences magistrales, à l'image du combat des Dieux. C'est ça parfois Tsui Hark, plusieurs petite failles, mais une générosité qui t'éclate à la tronche, il te fait vivre son cinéma, et franchement ça fait un bien fou.
En signant La Légende de Zu, Tsui Hark revient vers ses origines après un passage aux USA, ainsi que ce qui a suivi, mouvementé malgré le génial Time and Tide, où, malgré quelques aspects décevants, il t'offre tout de même un bel uppercut en pleine poire et un vrai bon spectacle comme il en a le secret.