Le couple au cœur de cette perle du cinéma muet (perso, le plus beau film de Sjöström) : Hester et Dimmesdale est très rapidement attachant grâce au charme et à la complicité évidente entre leurs deux interprètes : Lillian Gish et Lars Hanson. Elle, la petite beauté au visage enfantin et lui, gaillard suédois. Leur amour qu’ils assument dès le début, on aimerait qu’ils le vivent, qu’ils soient libres mais ils ne peuvent évidemment pas, coincé dans un puritanisme.
Le film, outre qu’il raconte une histoire impossible visant à faire exploser les conventions, s’en moque aussi clairement, ainsi, il y a quelques touches d’humour à travers le personnage de Giles, le seul soutien d’Hester, lui aussi pas vraiment à l’aise dans ce puritanisme, qui va dans le final, se payer la grande commère du village.
Je ne sais absolument pas comment Sjöström dirigeait ses acteurs, parce que vu tout ce que donnent Lilian Gish et Lars Hanson qui ont sans doute finir le tournage épuisé tant leurs performances sont d’une telle puissance, d’une telle richesse d’émotions. A travers leurs visages, ils expriment parfaitement ce que l’on ressent lorsqu’on est amoureux et que l’on est tiraillés par nos croyances qui vont contre cet amour et qu’ils ne sont jamais plus heureux que lorsqu’ils laissent parler leur cœur.
C’est leur amour qui les libère des conventions : non seulement à travers des baisers fougueux, des gestes d’affections, des regards, ils se disent aussi plusieurs fois qu’ils s’aiment.
Ce sont deux êtres sincères et uniques, espérant que leur histoire d’amour ne sera jamais condamné bien qu’elles soient condamnables. Tout ce qu’ils veulent, c’est être libre, et ainsi Vivre.
Loin de ces maudits carcans qui empêchent d’exister.
Tout cela pourrait être plein de pathos mais Sjöström et ses comédiens, évite miraculeusement cela. Sjöström s’amuse, par ailleurs, avec sa caméra, nous offrant notamment une série de travellings sur ce couple naissant se baladant dans les champs : un moment bien léger, à part ou tout semble possible, donc l’éclosion de leur amour.
Le déchirement intérieur ne peut être exprimer par des comédiens en ayant dans le ventre et je souligne, ça encore et encore, parce que Lillian Gish et Lars Hanson m’ont vraiment super impressionnés : j’ai été scotché par tout ce qu’ils donnent, c’est parmi les plus belles performances d’acteurs que j’ai vu dans un film de toute ma vie.
Lorsqu’ils sont heureux, qu’ils peuvent s’exprimer leur amour, on est heureux pour eux, lorsqu’ils sont déchirés,
lorsqu’ils doivent se séparer, on est déchirés nous aussi.
Un transfert se crée clairement avec le spectateur, nous sommes dans leur tête, nous pouvons ressentir ce qu’ils ressentent à l’instant même où ils le ressentent.
« La lettre écarlate » c’est une successions de scènes fortes, incarné par un couple déchirant dont leurs regards souvent mélancoliques expriment tant d’émotion. On s’en fout de Dieu, des croyances, des préjugés, de ce puritanisme qui empêche d’être libre : On veut vivre ! Semblent vouloir dire ce couple inoubliable, totalement sincère et honnête, désirant suivre leur propre courant, loin des gens engoncés dans leurs gerbantes conventions.
Certes, après un début très dynamique, le rythme se ralentit, les scènes sont longues, sont très longues parfois mais lorsque arrive ces mots : « The end », sur l’écran, on est sur le cul.
La musique d’accompagnement est vraiment pas mal et colle totalement aux scènes.
Chef d'œuvre.