Critique de BLUE écrite en 2015. Récupérée sur le compte, que je vais faire supprimer.
Il y a des films qu'on refuse obstinément de voir parce que ce sont des films "de guerre". Pourtant, celui-ci a quelque chose de particulier.
Dès les premières images, on se sent comme "happé" : par les plans, les propos.
On traverse l'océan avec ces hommes,et, on se demande combien reviendront, dans quel état...
A les voir accoster sur le rivage, on a forcément une pensée émue pour ces soldats qui, en leur temps, donnèrent leurs vies pour leur patrie ou celle de leurs alliés.
Certains ne sont encore que de jeunes hommes apeurés, incrédules, qui suivent la marche imposée.
La splendeur des images et des prises de vues, contraste singulièrement avec leur présence armée, presque incongrue. La voix off de Nick Nolte, grave, sensuelle, assurée, nous guide à travers les méandres de ce récit.
Les mots sont beaux, forts...
Les premiers blessés, déjà la désolation... Premières explosions, on sent la peur qui transpire, on voit leurs yeux affolés, on tremble. A peine la violence s'est-elle installée que je suis repliée sur mon siège, prostrée, comme si j'étais parmi eux, et que j'essayais, moi aussi d'éviter les tirs.
Ordre du commandant en chef... A ce moment précis, je le hais, lui qui exige que ses hommes gravissent cette "foutue" colline, coûte que coûte ! ... Que reste t-il au milieu de ce carnage ?
T. Malik, a eu l'ingénieuse et formidable idée de glisser des plans-séquences plein de vie, entre les scènes de guerre, ce qui donne au film, un côté poétique, et au spectateur que nous sommes, quelques secondes de répit.
C'est comme un souffle, une respiration, une accalmie : scènes de nuit, deux hommes discutent...
L'humain reprend sa place.
Des scènes courtes, comme des mirages : une scène d'amour d'une douceur infinie...
Puis, reviennent celles qu'on ne voudrait voir : l'homme enragé...
Ces prisonniers qui prient en silence, ces jeunes armés, perdus, déboussolés qui les surveillent.
Dans son film, le réalisateur oppose les points de vue de deux soldats quant à leur vision des évènments.
On entend, un soldat dire : " 'you seen many dead people ? : "they're no different than dead dogs."
Terrible comparaison, triste constat.
Jusqu'où peut-on aller pour gagner une bataille ?! Jusqu'où est-on prêt à aller par ambition ?
N'est-il pas condamnable de s'accaparer le territoire de quelqu'un quelle qu'en soit la manière?!
A travers le personnage de Nick Nolte, se pose la question suivante : Peut-on être "maître de guerre" et avoir des remords ?... A t-on le droit d'en éprouver ?
La guerre détruit tout : les couples volent en éclats, les sentiments s'envolent et avec eux les souvenirs heureux... La distance des corps, la distance des coeurs... On oublie leur odeur, on efface leur douceur.
A la moiteur de l'amour, s'impose celle de la "jungle".
Pause : deux hommes se retrouvent en haut d'une colline, images quasi intemporelles...
La paix et la quiétude règnent. C'en est apaisant.
Certains d'entre eux retournent à leur vie. Mais comment vit-on après un tel traumatisme, après avoir connu le chaos ?
Clap de fin... 2h44. Je ne les ai pas vues passer, tellement j'étais aspirée par cette histoire. Je me suis "éprise" de ces scènes, de ces hommes, de cette formidable "troupe" d'acteurs. Malik a fait de son oeuvre, un formidable hymne à la Paix.
On termine le film avec l'espoir de voir le monde s’assagir, à l'image de cette tribu, paisible et pacifiste. Je pensais en sortir bouleversée par les horreurs de guerre, je suis , au contraire,renversée par l'humanité et la force terrible qui en ressort ... Sublime.
Qu'on apprécie ou non le cinéma de Mallick, cette histoire d'amitié fraternelle au cœur du chaos ne peut (à mon sens) laisser indifférent.
Et par les temps qui courent, et par-delà les drames, il est bon de montrer que derrière un uniforme, il y a un être humain.
8 08 2017
J'ai pris vraiment conscience de la bravoure, de la force, de la détermination et des souffrances des soldats (des hommes avant tout) lors de la visite cet été de l'immense plage d' Omaha Beach et de la Pointe du Hoc. De lourds sacrifices ...