Pas un film de guerre, un grand film sur la guerre.
Casse-gueule. Voilà le premier mot qui vient à l'esprit si on couche sur le papier les caractéristiques de la ligne rouge. Le film dure 3h mais se résume de façon exhaustive en 4 mots : une charge à Guadalcanal.
Il n'y a pas de personnage principal.
Il y des voix off qui parlent pendant 1/3 du film.
Sur les 3 heures, 45 minutes sont composées de plans contemplatifs sur, au choix : la mer, le soleil qui se couche sur la mer, le vent dans les herbes, les rayons du soleil à travers la trouée des arbres, des animaux.
Les scènes de combat, toutes cumulées, durent 15 minutes maximum.
Et pourtant, rarement un film de guerre aura fait sentir aussi bien pourquoi la guerre est inutile, rarement il aura montré aussi bien des hommes qui montent au front la peur au bide, des gradés qui veulent leur promotion quelle qu'en soit le prix contre d'autres gradés qui veulent préserver le maximum de vie. Rarement un film de guerre aura montré de façon aussi égalitaire un camp et l'autre. Les rangs des américains et des japonais sont tous constitués de types qui préfèreraient être ailleurs.
L'absence de personnage principal, qui pourrait passer comme un défaut, se révèle la grande force du film, qui devient un film choral et montre une diversité de situations. Les soldats de carrière, les engagés, les mobilisés, les célibataires et ceux en couple, les brutes et les intellos... nous les voyons tous, servis par un casting étincelant.
Un mot sur la technique : la photo est magnifique, et si vous pouvez le voir avec un bon système en 5.1 vous en profiterez pleinement.
Vu après "Le nouveau monde" et "Les moissons du ciel", j'avoue avoir été préparé aux longs plans contemplatifs, qui peuvent déconcerter plus d'un spectateur.
Attention aussi aux voix off, qui doivent plutôt être considérées, à mon sens, comme un élément de la bande son, pas comme des pistes de réflexion... C'est la pensée des soldats, chose difficile à retranscrire en action. Au cinéma, la voix-off est très souvent dispensable, mais dans le cas de "La ligne rouge", je vois mal comment elles pourraient être évitées.
Je le répète donc : "La ligne rouge" n'est pas un film de guerre, mais un film SUR la guerre. Sacrée différence.