La ligne verte est du pur Darabont, parce que du pur Stephen King : il aura réjouit le grand public qui recherchait une bonne histoire édifiante, ainsi que pas mal de fans du maitre de Bangor échaudés par trop d'adaptations miteuses. Il aura désolé tout autant de cinéphiles avides de vrais moments de cinéma, bien trop rares ici. Le film est donc une lecture d'une fidélité exemplaire, mais indiscutablement laborieuse de l'un des tous meilleurs livres de King : Darabont, comme dans les Evadés, a décidément une propension à étirer ses récits au delà du raisonnable !
Mais la Ligne Verte tient beaucoup par la qualité de son interprétation, l'incontournable Tom Hanks y étant bien entouré par une distribution de haut vol, jusque dans des petits rôles, et le spectateur se retrouvera vite complice des personnages principaux, luttant pour qu'un peu d'humanité résiste à l'horreur du couloir de la mort.
Malheureusement, sans la maîtrise narrative - et la science du suspense - du maître de la littérature fantastique actuelle, la naïveté de son propos transparaît légèrement : cette parabole christique revêt ici une lourdeur quelque peu décourageante. De plus, la condamnation de la peine de mort et le discours politique antiraciste sont dans le film bien plus équivoques, bien moins fermes que dans le roman, ce qui lui retire à nos yeux un important capital sympathie.
[Critique écrite en 2022 à partir d'une première version de 2001]