Pour Stephen KING, l'écriture du livre, plutôt du feuilleton, dont est tiré le film de DARABONT était un exercice de style (comme il le fera avec "riding the bullet" plus tard pour le coté nouvelles technologies). Mais, comme tout bon miracle, en est né une œuvre dépassant largement le "gadget d'édition". Plus ramassé, plus rapide, pressé par le temps d'édition (de mémoire un chapitre par mois) , l'humanité du livre de KING était stupéfiante, et son analyse pleine de justesse sur sa lecture de l'âme humaine. Et l'adaptation de DARABONT, homme qui a le plus saisi le sens humain de l'œuvre de KING, poursuit ce petit miracle, en offrant un film littéralement bouleversant. Car au delà des évidences bibliques - JC va être sacrifié après avoir voulu libérer les hommes de leurs souffrances, au delà de la cruauté de certains - le sadisme de certaines exécutions est souvent révoltant - c'est bien plus l'humanité de chacun qui est questionnée. Pourquoi abandonnons nous john coffey qui, submergé par la souffrance morale qu'il subit, accepte de mourir ? Pourquoi acceptons nous, même au prix de raisons moralement justifiées (survivre pendant une grave crise économique, faire vivre sa famille et la protéger..) de sacrifier le meilleur de nous ? Et surtout, quel est le prix que l'on doit payer pour ces trahisons ? Tom Hanks le découvrira dans un final qui ne peut laisser personne indifférent, arrachant toutes les digues du cynisme et posant à chaque spectateur la seul question qui vaille ; qu'est-ce que moi, humain doué de raison, j'aurais fait ?