Adapté de la célèbre BD ultra-violente écrite par Alan Moore, La Ligue des Gentlemen Extraordinaires avait toutes les cartes en main pour devenir une adaptation épique du melting-pot de héros de littérature. Hélas, plutôt que de suivre l'ingénieuse trame originale, le film nous sert un énième combat entre le bien et le mal manichéen, grotesque et sans imagination. Brillamment aseptisé pour que ça plaise aux kids en manque de super-héros, le long-métrage réalisé par le pauvre Stephen Norrington (Blade) est long, mal foutu (décors et effets spéciaux sont d'un mauvais goût scandaleux) et mal écrit.
Alors que dans la BD, Hyde était un fou furieux arrachant les bras et mangeant les têtes, il est dans le film un super-justicier qui joue au début à cache-cache avec les héros, Griffin l'Homme Invisible (devenu Rodney Skinner pour des raisons de droits) ne viole plus les nonnes au couvent et son personnage est bien éclipsé voir invisible (sans mauvais jeu de mot) et Mina Harker est désormais une vampire afin d'ajouter un élément fantastique supplémentaire. De plus, deux nouveaux personnages font leur apparition inédite : le bienvenu mais plutôt mal exploité Dorian Gray et l'improbable Tom Sawyer, devenu un agent secret intrépide.
La présence de ce dernier n'est d'ailleurs justifiée que pour placer un héros américain au milieu de tous ces personnages anglais et français (merci la Fox). Il ne reste plus qu'un capitaine Nemo adepte du kung-fu et un Allan Quatermain campé avec disgrâce par un Sean Connery largué se demandant ce qu'il fait dans ce navet de 78 millions de dollars, se disputant sans cesse avec le metteur en scène et exigeant un cachet exorbitant. Drôle de fin de carrière pour l'ex-James Bond. Le scénario prévisible et mal fichu n'emprunte que quelques éléments de l'œuvre originale, rendant le long-métrage aussi niais que vain. Bref, une grosse déception pour une adaptation qui méritait largement mieux. Encore une fois, lisez la BD et oubliez le film...