Ce bijou de pudeur et d'humanité qui constitue certainement sa plus belle oeuvre.

Là on frôle le génie. Spielberg met de côté son goût du spectacle pour signer ce bijou de pudeur et d'humanité qui constitue certainement sa plus belle oeuvre.

Evidemment, pas besoin d’être énarque pour comprendre que le génocide est un sujet auquel Spielberg tient, de par son obédience religieuse d’une part, et au delà du film de par l’énergie qu’il a de faire vivre sa Shoah Foundation. Pour la petite histoire, malgré son succès commercial les studios ont reçu assez froidement le projet « Schindler » au début, d’autant que Stanley Kubrick avait un projet similaire au même moment. On a souvent opposé, mais à tort, les deux cinéastes. Si leurs styles étaient radicalement opposés, ils étaient pourtant très bons amis. Kubrick a alors pris la décision d’abandonner son projet et soutenir celui de Spielberg qu’il considérait comme meilleur que le sien (source : Documentation Expo Stanley Kubrick à la Cinémathèque Française, mars 2011). On retrouve d’ailleurs, subtilement glissés, des hommages discrets à Kubrick à certains moments du film : des perspectives, des mouvement de caméra, des angles typiquement Kubrickiens …

La liste de Schindler, c’est aux yeux de beaucoup de gens (y compris les miens, qui s'embuent inlassablement à chaque fois) LE CHEF D’OEUVRE de Steven Spielberg. Je me souviens qu'un vieil oncle m'a dit un jour : "si tu veux connaitre la vérité des camps, va voir La Liste de Schindler. C'était comme ça".

Intensément réfléchi, le film est truffé de trouvailles de mise en scène magistrales : la toute première exposition de Schindler, la partie d’échec éblouissante des deux acteurs principaux, la petite fille au manteau rouge qui reste l'élément déclencheur le plus extraordinairement subtil du cinéma, la scène d’adieu déchirante dans laquelle nous réalisons à peine que nous pleurons pour l'allemand Oskar Schindler, l'industriel nazi, alors que l'horreur de la Shoah s'étale devant nous depuis plus de deux heures …

Autant de scènes qui font l’unanimité tant dans le grand public que chez le professionnels : dans les meilleures écoles de cinéma (en tout cas dans celle que j’ai fréquenté) on dé-construit ce film pendant des mois et ça n’enlève rien à sa magie, au contraire. Il est une référence au même titre que Citizen Kane, 2001, Le Parrain, le Décalogue et j’en passe …

Nombreux furent par la suite les films qui ont traité du sujet, mais il faudra attendre Le Pianiste de Roman Polanski en 2002 pour atteindre la même puissance émotionnelle.
MarcoSerri
10
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le 22 mai 2013

Modifiée

le 24 sept. 2013

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