Film social, La loi du marché ne dit que très peu de choses par l'expressivité orale et du point de vue de l'action. Il porte son discours par la forme, qui est loin d'être anodine.
La caméra qui tremble, qui guette, qui suit le personnage : c'est un regard qui reflète la gène du spectateur ,face à ce magma de corps déshumanisés, et du personnage principal victime de cette société de consommation meurtrie par la crise, mais personnage qui en est aussi un bourreau.
Pas de grandes disputes, d’engueulades de couples, de longues tirades : la forme coupée, séchée, abrupte du montage et de la captation reflète la perte des relations humaines : les corps ne sont plus que volasses, absents ou bien conflictuels.
Cette "loi du marché" dépouille les êtres de leurs affects.
Le dispositif filmique sur-cadre constamment Vincent Lindon, et rappelle dans les pseudos échanges entre individus la solitude qu'éprouve chacun d'entre eux.
Les relations humaines sont froides, distantes, et la caméra encore une fois est ailleurs, fuit le pro-filmique comme son personnage.
Le spectateur est compressé par les problèmes de réinsertion professionnelle de Thierry, par sa difficulté à ressentir, ressortir ce qu'il a perdu, comme tant d'autres : le lien avec l'autre.
Je suis sorti du film lessivé, déprimé, par une forme qui perturbe, qui dérange parfois, qui ennuie, mais qui s'explique totalement en dessinant un discours révélateur sur notre société contemporaine.
J'ai ressenti : c'est ce que je demande au cinéma.