Le travelling est une affaire morale

De ce film j'avais juste vu l'affiche et le début du synopsis... comme quoi Lindon était chômeur depuis 20 mois... Et en allant le voir j'ai cru que ça allait être un film sur les marchés financiers, un genre de Margin Call... pas du tout... mais pas du tout... et j'ai été très agréablement surpris... c'est un film qui prend son temps, qui sait et ose montrer de longues séquences (peut-être même que certains sont en plan séquence, j'avoue que j'ai pas vérifié) sur le quotidien d'un chômeur, le tout avec un Lindon, qui comme a son habitude est très bon.

J'aime ce film parce qu'il montre la réalité du milieu... Il montre ce que décrivait Marx ! Les chômeurs qui sont l'armée de réserve du capitalisme ! Ces chômeurs qui sont donc prêts à accepter n'importe quel emploi, à faire n'importe quoi pour travailler et continuer à vivre (et je ne les accuse pas, j'accuse le système, le film fait la même chose d'ailleurs), faisant baisser les salaires... Ils sont prêts à faire ça même si c'est immoral, tant qu'ils peuvent continuer à vivre.

J'aime lorsque ce film montre la connerie des agents de pôle emploi... l'hypocrisie des banquiers... cette banquière qui veut pousser à vendre pour avoir du Capital, ce qui placerait quelque part le personnage de Lindon encore plus dans la précarité, mais qui veut lui faire souscrire une assurance vie... C'est génial ce système ! C'est comme au Casino, la banque gagne toujours.

Alors le fils handicapé, j'avais un peu peur, mais finalement ça ne tombe pas dans le pathos, c'est difficile à utiliser ce genre de personnage au cinéma, parce que père d'un enfant handicapé, chômeur... ça peut vite alourdir un film. Là c'est pas trop le cas car il es traité comme un enfant normal, qui engendre des dépenses pour ses études, faut certes l'aider à se laver, à s'habiller... mais sans plus.

La fin est malheureusement la seule issue possible pour quiconque n'est pas un soumis, un faible... cependant elle ne résout rien. Comme je le disais, l'armée de chômeur est là pour prendre le relais.
Il y a un moment, et là je ne dis pas ça pour le film, où il faut faire exploser cette merde capitaliste puante de l'intérieur... seulement les gens sont comme le personnage de Lindon, passifs, ils acceptent le monde de merde qui les entoure et en tirent avantage. C'est ça que la société fait de nous, une armée de réserve pour le capitalisme... certains s'en contentent, d'autres en sortent... quelques uns luttent, mais se font manipuler par ceux contre qui ils croient lutter...