Pour son troisième long-métrage en collaboration avec Vincent Lindon, récemment récompensé du Prix d’Interprétation Masculine au Festival de Cannes édition 2015, Stéphane Brizé met en scène un homme chômeur d’une cinquantaine d’année qui tente de retrouver du travail à tout prix, et devra laisser de côté ses principes moraux afin de vivre décemment.
Le réalisateur fait donc une excursion ultra réaliste dans la vie réelle, dans celle de classe populaire la plus victime des licenciements et dans une situation difficile lorsqu’il faut retrouver du travail. Le premier plan du film est alors très explicite quant à la situation du personnage principal mais surtout du système en général. En effet, le personnage se retrouve dans un bureau de Pôle Emploi et fait face à un système désordonné et quasiment incompétent dans sa situation actuelle, faisant ainsi froid dans le dos quant à la possibilité de trouver un emploi sans grand niveau de formation. Comme quoi le diplôme est un des passeports essentiel dans la recherche et l’obtention d’un emploi. Le réalisateur s’attarde donc dans le quotidien compliqué de ce quinquagénaire au revenu indécent, jusqu’à son nouvel emploi comme agent de sécurité dans un supermarché, qui doit nourrir sa famille dont son fils atteint de trisomie, et fait beaucoup d’allusions sur la vie de tous les jours. Mais la question qui se pose principalement, c’est jusqu’où ce personnage peut aller pour garder son emploi. Employé comme agent de sécurité, il va devoir devenir spectateur de vol de biens par des gens malhonnêtes comme très honnêtes, allant du jeune homme de banlieue au pauvre retraité sans grande pension en passant par les caissiers eux-mêmes. Tout un tas de questions se posent alors quant à la nécessité de garder son travail dans un environnement totalement immoral et complètement capitaliste mais justifié, auquel le réalisateur y répond avec brio.
Le film peut être déstabilisant en soit car il emprunte beaucoup au genre du documentaire pour donner cet aspect ultra réaliste. Le réalisateur à donc été judicieux en optant pour un directeur de la photographie issu du milieu du documentaire, à savoir Eric Dumont. Cet effet de réalité est renforcé par l’emploi de comédiens non professionnels où Vincent Lindon doit évoluer en fonction de ceux-ci, s’attelant à une tâche pas évidente mais effectuée avec brio, méritant parfaitement son Prix d’Interprétation à Cannes.
La Loi Du Marché est donc un titre judicieux pour un film ultra réaliste et saisissant sur le quotidien de la classe populaire, grande partie des français, écrasé par un capitalisme grandissant de jour en jour.