Get Carter, La Loi Du Milieu a une réputation de petit polar culte, brutal et sans fioritures, et force est de constater qu'il fait plus qu'honneur à sa réputation.

Jack Carter, tueur pour la mafia, est déterminé à retourner dans sa ville natale, la campagnarde NewCastle, pour y remuer la merde. Son frère y est mort, apparemment un suicide, et il est le seul à croire qu'il y a anguille sous roche. Dynamitant la petite routine des truands du coin, il va, entre deux parties de jambes en l'air, mettre la main sur une affaire sulfureuse.
Carter, pour rétablir l'honneur de sa famille, est déterminé à faire tomber tout le monde, et tant pis s'il doit y passer au passage.

Le film est porté par un personnage principal incroyablement iconique, le tueur Jack Carter, incarné par un Michael Caine charismatique en diable. L'acteur, avec ses yeux torves et son accent cockney, est au sommet de son charisme viril, et livre une prestation jubilatoire, à la fois puissante et pince sans-rire.
Carter, pur personnage de cinéma, se distingue dans ce polar à l'ambiance mortifère par sa classe folle, étant toujours bien habillée et la mèche gominée. Mais derrière ce charme irrésistible se cache une véritable machine à tuer, n'ayant que faire de notions comme la pitié ou le compromis.

Si l'enquête de Carter est d'abord lente, la sauce prend petit à petit, et une fois lancée, la vengeance sans foi ni loi du gangster est impressionnante de sang froid et de détermination, le lad prenant un malin plaisir à retourner contre la pègre locale les exactions commises contre son frère.
On nous montre sans nous épargner aucunement la méthodologie implacable de Carter, pourchassant placidement les coupables un par un, en exécutant un au couteau, provoquant une overdose pour un autre, etc...

Carter est une pure volonté, c'est entendu, mais cela ne l'empêche pas de faire preuve d'un humour à froid acerbe, décalé, purement britannique.
Il peut ainsi lui arriver, entre deux coups de tatanes direct dans la face d'éclater de rire devant la petitesse des adversaires qui lui sont présentés, et de les octroyer d'une répartie cinglante.

Ce polar est doté d'une aura inhabituelle, due au cadre rural de NewCastle, la petite pauvreté britannique incarnée. Le tueur doit faire preuve de bien d'abnégation pour supporter ces petites ruelles pavées hideuses, ses bars enfumés minables, ce papier peint rococo si insoutenable.
Les scènes d'action, bien bourrines et cool, à la fois tendues et simples, prennent remarquablement appui sur les différentes locations de la ville (petites ruelles, immeubles du centre, gare, port).

Dans son ensemble, la réalisation de Mike Hodges est exemplaire d'efficacité, d'épure.
Hodges, humble, va au plus simple, taillant son petit diamant jusqu'à atteindre une puissance brut imparable.
Le montage est discrètement sophistiqué, multipliant notamment les montages parallèles inventifs.
Ce choix est souvent opéré pour étayer la vie sexuelle de Carter, grand queutard devant l'éternel: par exemple alternance entre la conduite, de main de maître, de la voiture par la nouvelle amante de Carter, et leurs ébats passionnés au lit.
Ou, dans une autre grande scène pop, alternance entre Carter qui téléphone à sa maîtresse restée en ville, à qui il dicte de se déshabiller et de se caresser, pendant que lui fixe la tenancière de son hôtel, qui se balance troublée sur son rocking-chair (il se la tapera plus tard).

Un autre apport indéniable au climat anxiogène du film est bien sur la discrète et excellente musique de Roy Budd. Une petite rengaine perverse au clavecin, devenue célèbre, revenant ici et là pour mieux hypnotiser le spectateur conquis.

Au final, Get Carter, La Loi Du Milieu fait clairement honneur au genre, étant du début à la fin aussi impitoyable et imperméable aux compromis que sa brute de personnage principal, le génialissime Jack Carter, entré à coups de shotgun dans le panthéon des mean motherfuckers du polar pur et dur.
Dalecooper
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le 4 mars 2011

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Dalecooper

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