A l'ouverture assurée par une une oie bien dressée et une voix off enfantine, j'ai craint un mauvais épisode de Saturnin le canard vs Big Bad Babe. Mais ça vire rapidement, pour le meilleur ou pour le pire, à un long épisode simili comique de la petite maison dans la prairie.
Après une présentation quasi documentaire du mode de vie d'une famille quaker pur jus - mises en scène comme une suite de réclames pour des céréales à petit déjeuner mais non sans un certain intérêt pour le néophyte - de très longues scènes de niaiserie non-violente et de péripéties non-trépidantes se succèdent mollement, avec juste ce qu'il faut de recul amusé de la part du père sympathiquement joué par Gary Cooper pour maintenir le spectateur en éveil et le retenir d'arrêter le massacre avant la fin.
Les enfants sont chacun leur tour soumis à la dure tentation des plaisirs de son âge, le père est "de culture quaker" mais sans trop de conviction et s'autorise même des petits plaisirs. Chacune de leurs petites joies est confrontée à la vindicte débordant d'amour buté de la mère ascétique et frigido-étouffante, qui souhaite pour elle comme pour sa famille une vie aussi chiante que possible, probablement pour gagner une mort heureuse. On connait le topo. Il nous sera rabâché environ 75 fois jusqu'au climax tragicomique où ce que couple se déchire pour une microbroutille.
Bref, après 1h30 de petits riens en général et de pas grand chose en particulier, ponctuée des inénarrables répliques sur l'avis "en tant que quaker" de Gary Cooper (rendues cultes si jeune Mabuse par leur détournement dans La Classe Américaine de M Hazanavicius) et de quelques encarts pour nous rappeler qu'on est au beau milieu de la guerre de sécession, l'idéalisme béat de la maman est confronté à un vrai questionnement lourd et profond : si la guerre te rattrape, comment tu fais pour rester inébranlablement non violent ?
Le questionnement et l'action prendront encore leur temps, pas trop de tension quand même, c'est mauvais pour le cœur. Le drame hyper téléphoné arrivera comme prévu et la fin ... j'ai craqué avant la fin. Ce putain de film dure 2h20 bordel ! Il est monstrueusement long et chiant !
Alors bon, il a eu la palme d'or en 57, preuve que William Wyler avait réalisé un bon film quelques temps avant. Probablement ses "Vacances romaines" de 1953 (j'ai pas vu mais vous les sens critiquiens, vous avez l'air d'aimer ça). Déjà à l'époque on donnait souvent la palme avec un ou deux films de retard, quitte à récompenser un film mineur en ratant un nouveau bon film et à recommencer. Pas facile tous les jours la vie de jury du plus grand festoche de cinoche au monde.