Signe qui ne trompe pas : à la sortie de la séance, j'étais persuadé que le film avait presque 10 ans de moins que son âge.
C'est dire qu'il tient encore très bien la route et son traitement a dû faire grincer pas mal de dents chez la censure italienne dans une histoire de rivalité entre femmes qui ne sont autres qu'une mère et sa fille. Sachant que la mère est une nymphomane notoire qui continue de séduire son ancien amant, même après qu'il soit devenu son beau-fils légitime.
La morale et les bonnes moeurs chrétiennes en prennent un sacré coup, délivré par un Lattuada en bonne forme qui tire un excellent parti de la géographie particulière de la région et de l'habitat troglodyte. Ca alimente ainsi un arrière-fond social très bien intégré qui prend de plus en plus d'importance jusqu'au dernier acte qui mêle le drame et la révolte sociale avec réussite.
Le début m'avait laissé un peu septique par une écriture plutôt caricaturale et à l’interprétation sans finesse mais le cinéaste, son script et ses comédiens vont tellement à fond, sans la moindre retenue, dans cette outrance perverse, où le désir et la sensualité laminent tout sur leur passage, que La louve de Calabre finit par déployer un tourbillon charnel irrésistible qui dépasse le simple cadre mélodramatique. L'intensité devient électrique et ne pouvait mener que jusqu'au court-circuit et les flammes.