Kornél Mundruczo avait d'ores et déjà fait preuve de ses qualités et de ses ambitions dans le superbe et très réussi White God ; il nous livre avec La Lune de Jupiter un film dense, jamais très loin de la démonstration technique et théorique mais plutôt efficace dans sa globalité. A la manière du chef d'oeuvre Incassable de Shyamalan le dernier long métrage de Mundruczo interroge les codes du film de super-héros, proposant une variation pour le moins inattendue sur la foi, ses risques et ses bienfaits.
A l'instar de White God La Lune de Jupiter fait montre d'une volonté de multiplier les pistes de lecture sans omettre de raconter une histoire. S'inscrivant admirablement dans un contexte contemporain le cinéaste conjugue un style virtuose et généreux à des questionnements aussi divers que l'appréhension d'une figure providentielle dans un monde réduit à de vulgaires principes de réseaux, la recherche d'une innocence perdue ( en ce sens la scène ultime, courte et poétique, s'avère assez bouleversante ) ou encore la psychose sociale inhérente aux problèmes d'immigration et au terrorisme.
Malgré sa réalisation incontestablement maîtrisée le film se fait par moments légèrement remarquer par ses effets vertigineux et sa symbolique éculée. En paradoxe Kornél Mundruczo s'attèle humblement à conduire linéairement son récit et la forme - un brin fanfaronne dans ses pires instants - reste toujours intelligente et au service de l'intrigue. En un mot comme en cent La Lune de Jupiter s'avère efficace et savamment élaboré. Un bon moment en perspective...