Ce thème, il s'agit de celui de la possession. Classique historique s'il en est, puisque, même sans être spécifiquement fan du genre, j'ai eu l'occasion comme beaucoup de fans de films d'horreur d'en voir un certain nombre. Généralement, il est introduit par le biais d'objets qui sont un peu toujours les mêmes ou par des séances de prise de contact avec des démons qui tournent mal. Talk to Me emploie un mélange de ces procédés mais avec une agréable touche de fraîcheur. Les ados utilisent en effet comme vecteur une main coulée dans un moule ayant apparemment appartenu à quelqu'un qui avait la faculté d'entrer en contact avec les morts. Pour l'activer, il faut la serrer en prononçant des phrases spécifiques, autorisant notamment l'utilisateur à être « investi », ce qui lui procure au passage un plaisir intense. Comme l'on peut s'en douter, les ados vont en abuser et cela finira par dégénérer.
Parlons d'ailleurs des personnages. Il s'agit principalement de jeunes acteurs, épaulés par la convaincante Miranda Otto (qui restera toujours Eowyn pour moi) dans le rôle de la maman. Le casting est divers et mixte, mais contrairement à certaines productions dont on sent qu'elles le constituent ainsi pour respecter un quota, ici le groupe semble cohérent et naturel et rien ne paraît forcé. Un point fort du film réside dans son caractère authentique. Contrairement aux productions américaines moyennes (notamment les Blumhouse pour ne pas les citer - le film est qui nous intéresse est australien) où l'héroïne est souvent très jolie, blonde et toujours bien fardée, les personnages ont un côté plus « réaliste ». Je ne dis pas qu'ils sont moches, mais on croit plus facilement à la bande de potes ados que dans les oeuvres précédemment citées les groupes semblent régulièrement un peu factices.
Sans être un expert en technique cinématographique, il est évident que la mise en scène et la réalisation sont au service du film et qu'elles donnent beaucoup d'impact et de percutant, si j'ose dire, aux scènes importantes. Je ne suis pas facilement impressionnable, mais j'ai plusieurs fois instinctivement grimacé ou détourné le regard, par empathie avec ce qui arrivait aux personnages.
Après ça, vous me direz que tous les voyants sont au vert. J'ai cru à la très bonne surprise pendant la moitié de la durée environ. Ensuite, la faiblesse de l'oeuvre réside dans l'érosion de sa principale qualité, si j'ose dire. La deuxième partie est en effet beaucoup moins originale, plus prévisible et se rapproche un peu trop des productions formatées typiques de ce genre. Ca semble parfois longuet aussi, chose que je n'ai jamais ressenti pendant la première moitié par laquelle j'ai été indubitablement pris. La fin, même si elle n'est pas exceptionnelle, a au moins le mérite de nous épargner le sempiternel « on croit que tout est réglé mais en fait non », conclusion poussiéreuse beaucoup trop souvent utilisée.
On devine aisément que Talk to Me se prêterait sans problème à une suite. Un des personnages évoque notamment la deuxième main et le fait qu'elle ait été perdue quelque part dans la nature. On peut même envisager un préquel racontant l'histoire de l'objet. Vu la qualité de ce qui est proposé, malgré sa deuxième partie un peu plus poussive, j'ai envie de dire : pourquoi pas ?