Poème lyrique sur un peuple comblé par la désolation d'une guerre

Eva Neymann dessine le portrait d'une société atteinte par le malheur d'une guerre qui se fait ressentir même dans les endroits les plus désolés du pays. À travers le personnage du petit garçon qui perd sa mère à une maladie si fréquente dans la misère, nous découvrons l'indifférence de certains, la compassion des autres.

Le noir et blanc fait ressortir les silhouettes noires des gens (chacun porte le deuil de quelqu'un) errant tels des fantômes au milieu des bâtiments en ruines. Les plans (d'une beauté saisissante) sont aussi gris que le sort de tous ceux qui y figurent. Paysages déserts, des corbeaux par ci par là.. un air funéraire couvre tout le village. Il y a des répliques parfois jetées dans le vide, sans réponse, car les gens ont peut-être tous un mot à dire sur la désolation qui les comble, un de cri intérieur.

Partout des regards de chagrin et de solitude, d'empathie, de complicité dans cette période qui n'épargne personne.. à l'exception, peut-être, d'une famille aisée qui accepte de prendre le petit garçon avec eux dans le train. On dessine cette famille, d'ailleurs, des nuances les plus méprisables de tous ceux que le garçon a pu trouver sur son chemin. En contre-point, deux amis alcooliques sont les plus emphatiques envers le gamin. Certains peuvent le trouver prétentieux, mais c'est probablement une volonté d'exprimer la solidarité qui naissait entre les plus misérables, ce qui n'était pas faux.

Vers la fin, une réplique : "est-ce que ça ne finira jamais ?". Un dernier rêve sur la gare du village où il laissa sa mère et les personnages qui nous ont tous marqué, puis un sourire sur le visage de l'enfant marquant un espoir.

Un seul regret pour moi : l'image beaucoup trop lisse, manquant de grain. Les tournages en numériques sont moins chères, mais le noir et blanc sans son grain typique est un peu trop flagrant. Sinon, c'est quand même un joli conte mélancolique, un sorte de poème lyrique dédié à ceux qui ont connu cette période sinistre dans l'histoire de l'URSS.
amnaszynska
9
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le 21 nov. 2013

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Ana R. Chiste

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