Juste après "Cannibal Holocaust", Ruggero Deodato se lance dans la réalisation de cet ersatz italien de "La Dernière maison sur la gauche" qui est bien mauvais ! Enfin, nous ne sommes pas tout à fait dans la même configuration que le film de Craven car si ce dernier divisait son intrigue en deux temps : la première où les bourreaux torturent leur victime et la seconde où les bourreaux deviennent victimes (comme dans la plupart des rape and revenge), ici, le film ne se concentre presque uniquement que sur le côté bourreau. Et ce n'est pas vraiment ça qui me dérange, nous aurions pu avoir une sorte de torture porn avant-gardiste sans le gore, c'est-à-dire là où la violence et la torture psychologique règnent en maître comme le fera quelques années plus tard Michael Haneke avec "Funny Games" et son remake américain. Mais n'est pas Haneke qui veut et ici, c'est juste de la violence gratuite pour de la violence gratuite qui n'est vaguement justifiée qu'à la toute fin histoire de donner une excuse à tout ça. Mais ça ne fonctionne pas bien évidemment et on se retrouve devant un film qui est non seulement mou mais qui met en place une forme d'esthétisation du viol, ce que je trouve très dérangeant. Le film montre en effet plusieurs viols avec des victimes qui finiraient presque par y prendre du plaisir, ce qui est particulièrement dérangeant (on est même quelques fois à la limite du porno un peu crade des années 70 avec la musique qui va bien). Et pas dérangeant à la "Cannibal Holocaust" qui permettait de faire passer un message plutôt malin, non, ici, c'est juste très maladroit pour ne pas dire pervers. De plus, l'histoire en elle-même n'est que très peu crédible, je veux dire, on parle quand même de deux mecs dont l'un est un abruti naïf qui arrivent à garder en captivité cinq ou six pélos rien qu'avec un rasoir et une bouteille cassée (et encore une fois, ce n'est pas la fin qui sauve cet élément). Si le film mettait au moins en place une atmosphère anxiogène, l'histoire aurait pu être captivante mais il n'en est rien, on se contente de regarder passivement les actes de ces deux violeurs avec énormément d'ennui. Du côté des acteurs, ils tiennent en revanche la route, notamment Annie Belle et David Hess (que l'on retrouvait déjà dans "La Dernière maison sur la gauche" dans le même rôle, tiens, tiens...). "La Maison au fond du parc" est donc un film qui ne parvient jamais à maitriser sa violence ni ce qu'il veut raconter, ce qui nous donne un film dérangeant (dans le mauvais sens du terme) en plus d'être ennuyeux.