Agatha Christie a le vent en poupe au cinéma! Après la version récente du « Crime de l’Orient Express » plutôt moyenne et celle à venir de « Mort sur le Nil » (toutes deux par Kenneth Branagh) ainsi que le génial « A couteaux tirés » de Rian Johnson, qui a tout d’un whodunit de la romancière, un petit film britannique était passé avant. Bizarrement il était resté inédit dans pas mal de pays malgré son casting rutilant comme le veut la tradition de ce type de films très Cluedo. Et il est adapté du livre de la célèbre écrivaine fan d’enquêtes par Julian Fellowes, illustre scénariste de « Gosford Park » et « Downton Abbey ». Plutôt encourageant donc. Pourtant, cette variation n’a certes rien d’extraordinaire comparé à la maestria de « A couteaux tirés » néanmoins « Crooked House » demeure assez plaisant et bien huilé pour passer un bon petit moment de divertissement à la recherche d’un coupable.
On est plus étonné de retrouver le frenchie Gilles Paquet-Brenner à la mise en scène. Mais après tout, il fait partie des cinéastes qui passe du coq à l’âne en changeant régulièrement de style. En effet, après la comédie d’action très légère « Gomes et Tavarez », le sublime drame « Elle s’appelait Sarah » avec Kristin Scott-Thomas et le thriller américain raté « Dark Places » avec Charlize Theron, le voilà dans un film policier d’époque so britsh avec un casting cinq étoiles. Glenn Close, Gillian Anderson, Terence Stamp, Max Irons, Christina Hendricks ou encore Julian Sands forment une jolie distribution où chacun s’amuse délicieusement de son rôle en en faisant beaucoup mais jamais trop. Notre préférence va à Gillian Anderson qui campe une actrice ratée alcoolique de haut vol tandis que Max Irons en détective privé et héros du récit semble plus en retrait, fade, laissant tout le champ aux autres pour briller.
Dommage cependant que « Crooked House » soit long au démarrage et trop programmatique au début, les présentations ou interrogatoires avec les différents suspects s’enchaînant de manière trop redondante et systématique. De plus, l’intrigue semble moins captivante que pas mal de films du genre… Jusqu’au dénouement bien plus étonnant et malin que d’accoutumée. Il tient pour beaucoup dans la relative réussite du film. On apprécie aussi le somptueux décor du château bien mis en valeur et la réalisation pas trop statique de Paquet-Brenner. Il enveloppe cette enquête d’une image élégante et adaptée. En résumé, loin d’être un vulgaire téléfilm du dimanche après-midi, ce whodunit se regarde avec plaisir et a été produit avec soin malgré son classicisme assumé. Cependant, il ne tutoie pas les sommets du genre car on a déjà vu bien mieux.
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