Le genre horrifique recèle de nombreuses surprises, et ce serait lourdement se fourvoyer que d'englober tous les films d'épouvantes dans une même catégorie. Indéniablement, La Maison des 1000 Morts se détache du lot.
Rob Zombie installe une ambiance pernicieuse qu'il sera bien difficile de comparer à un autre film. Outre son esthétique parfois très expérimentale (avec ses jeux sur la lumière, la couleur, le cadre...), ce sont surtout ses personnages complètement déjantés et ambigus qui lui attribuent une teinte typique, à commencer évidemment par le personnage de Sid Haig, qui par son seul charisme vole la vedette à tous les autres personnages, aussi dingues soient-ils.
Le sentiment d'insécurité que suscite le film découle du décalage dont les personnages font preuve. La famille présentée est encore plus tordue que celle de Massacre à la Tronçonneuse, car en plus de la folie, ils dégagent une espèce de plaisir sadique particulièrement malsain. La jeune femme qui rit sans arrêt illustre à merveille ce côté folâtre, et rappelle clairement une des antagonistes de Evil Dead.
Je pense d'ailleurs que, si on omet le Massacre à la Tronçonneuse dont le scénario s'inspire, Evil Dead est un des films que l'on peut le plus rapprocher de La Maison des 1000 Morts. Les atmosphères se dégageant des deux films sont analogues, flirtant parfois avec des airs de comédie morbide, que Sam Raimi adoptera plus franchement dans la « suite » de son film. Cela induit une ambiguïté de ton, dont on ne sait pas s'il est grave ou léger, rendant le film d'autant plus dérangeant.
Tout cela devient d'autant plus perturbant lorsqu'on réalise que le seul plaisir que l'on peut nous-même tirer du film est un plaisir sadique : il n'y a aucun espoir, et on n'en doute pas un instant. On ne regarde pas le film en espérant que les héros - si tant est qu'on les considère comme tels - s'en sortent, car on sait que ça ne sera pas le cas, Rob Zombie ne dévoilant aucune faille ou faiblesse chez les antagonistes.
Sans véritablement effrayer ni être vraiment choquant, La Maison des 1000 Morts parvient à être profondément dérangeant en repoussant les frontières du malsain jusqu'aux extrêmes limites du conventionnel, et à titre personnel en me questionnant sur le regard que je porte à certains films d'horreur.