J’ai un souci avec ce film. La nouvelle de 1925 d’Edogawa Ranpo, admirateur d’Edgar Poe n’a rien d’érotique, c’est juste un tout petit polar avec des gens monstrueux. Or, après le film de Tanaka qui venant après le premier, rose également, d’Akitaka Kimata (1970), on retrouvera au moins trois films à dimension sulfureuse : ceux d’Akio Jissôji (1993), de Mitsuhiro Mihara (2007) et de Shoji Kubota (2016). C’est le scénario d’Akio Ido qui a rajouté de l’éros, une touche d’onirisme et une femme au voyeur monstrueux d’une époque incertaine qui était au centre de la nouvelle littéraire.
On sent bien l’aspect décadent et grotesque : la dame et son amant de clown, le pasteur qui abuse de son pouvoir spirituel, l’artiste « moderne », l’homme du fauteuil, les corps peints, l’étranglement par les cuisses… Mais, que l’aspect fantasmagorique est sentencieux ! ses silences entre chaque phrase, ses poses hiératiques, ses regards dans le vide. Akio Ido a rajouté le personnage principal : Dame Minako (Junko Miyashita) et il a bien fait. Dominatrice et double de Gouda, appréciant d’être épiée, elle peut laisser sa nature monstrueuse apparaître ayant trouvé son comparse en meurtres. Thanatos et éros, certes, mais alors ? Le film ne va pas plus avant. Ce jeu posé d’acteurs vieillit mal en voulant faire onirique et intelligent. Reste une atmosphère entre japon traditionnel et mode de vie occidentale, entre sordide et sadique, entre éléments fantastiques et sentiment d’enfermement. Noboru Tanaka maîtrise sa lumière, ses cadrages, ses images. Son ouvrage est tout à fait honnête. La bande-son est remarquable mais je suis plus réservé sur Junko Miyashita (Minako) pour son regard fixe malgré sa réelle présence. Aoi Nakajima (prostituée), Tokuko Watanabe (Miyuki) et Kazuko Tajima (Ginko, la servante) n’ont que des rôles secondaires.
Ce « promeneur » est certes plus intéressant que dans l’histoire originale mais me laisse assez dubitatif.