Afin de provoquer la peur et l'effroi, il n'y pas forcément besoin d'artifices grossiers et ça, le cinéaste Robert Wise semble bien l'avoir compris avec cette adaptation du roman de Shirley Jackson, aujourd'hui considérée comme un des films les plus flippants du septième art.
Ressuscitant les grandes heures du roman gothique en le confrontant à l'esprit cartésien de l'homme moderne, "The haunting" n'est pas un film de maison hantée comme les autres, mais bien une plongée dans la psyché d'une vielle fille n'ayant encore rien vécue et traumatisée par la mort de sa mère, semblant comme "appelée" par les couloirs d'une vieille demeure née dans l'horreur.
Filmant ses décors comme un personnage à part entière, véritable réceptacle des tourments et des obsessions de ses occupants, en premier lieux ceux de l'héroïne principale jouée avec ferveur par Julie Harris, Robert Wise parvient sans peine à susciter le malaise et l'angoisse avec presque rien, expérimentant brillamment avec le son et l'image, donnant lieu à une mise en scène réellement immersive et fantasmagorique.
Etonnamment en avance sur son temps quand il s'attarde sur la relation ambigu entre ses deux comédiennes principales (Claire Bloom veut clairement déniaiser la Julie), "The haunting", bien plus qu'un simple film d'épouvante, est un chef-d'oeuvre certes exigeant de par son rythme lancinant et son refus de jouer la facilité mais ô combien puissant, un des rares à vous fasciner par ses thématiques sous-jacentes tout en vous collant une frousse de tous les diables.