Je ne peux pas en vouloir à tous les apprentis cinéphiles qui décident de se lancer dans la création d’un film, et plus particulièrement dans le film de genre. Ils y mettent leurs économies et bricolent comme ils peuvent pour aller au bout de leur rêve, un film à leur nom. Je peux adoucir mon esprit critique devant, mes préoccupations ne sont pas les mêmes. J’ai envie de soutenir certains de ces films.
Mais j’aurais du mal à dire du bien de La Maison hantée. Rapidement conscient de son amateurisme un peu piteux, je l’ai regardé avec une indulgence amusée devant ses erreurs et maladresses. Les 75 minutes du film ont fini par devenir longues, malgré un potentiel certain de nanar mais qui n'aura pas été suffisant pour me transporter.
L’écrivain Marty Beck est un célèbre auteur de romans d’horreur, mais qui peine à écrire son prochain ouvrage. Il est hanté la nuit par les souvenirs tragiques de la mort de sa femme et de son fils, brûlés vifs par le brasier causé par la cigarette de la mère assoupie (FUMER TUE). Il trouve refuge dans une maison considérée comme hantée, où il essaye de retrouver l’inspiration. Qu’elle soit visitée par des esprits ou pas, peu importe, notre Stephen King du pauvre pourra toujours mettre sur la couverture sa résidence d’auteur pour espérer vendre quelques exemplaires.
Mais Casper et ses amis veillent !
Il faut préciser que Marty n’est pas le bon écrivain bien gentil, il est du genre antipathique. Peut-être peut on blâmer cette tragédie familiale, à moins que ce ne soit aussi la faute de son acteur principal, à l’expression monolithique et à la calvitie bien avancée. Que ce soit pour jouer la surprise, le plaisir ou l’effroi, l’acteur ne cherche jamais vraiment loin, se contentant de décliner ce qu’il sait faire de mieux, une tête faussement inquiète. Même le doubleur français, pourtant peu investi, laisse pointer plus d’émotions dans ses répliques doublées que ce comédien.
Pas d’inquiétudes, tout le monde est dans le même sac, tout le monde joue faux, si on excepte l’agent immobilier ou un spectre vaguement sympathique, et encore. L’atout charme du film sera jouée pour quelques plans oniriques et se voulant érotiques par ce qui devait être la gogo danseuse du coin, créditée sous le nom de Gabrielle, sans nom de famille.
Le film va chercher à faire frissonner le curieux d’horrifiqueries, mais là encore l’amateurisme du projet le dessert. Il s’ouvre avec des séquences clipesques vaguement horrifiques, préludes de certaines scènes postérieures, ou juste gratuites, entre visions de cauchemar un peu faciles et séquences gores bricolées sur l’atelier du paternel. Les quelques maquillages ne relèveront pas le niveau.
Alors pour créer un sentiment d’angoisse, le film va user et abuser des pires stratagèmes possibles, entre tête découpée dans un miroir, apparition en contre-champs, la vision subjective d’esprits ou jump-scares à gros souliers. Marty se bat même contre un bébé baigneur, sans aucuns efforts de trucages. Mais aussi une multitude d’effets cinématographiques qui ne sont plus enseignées dans les écoles de cinéma, avec ses spectres entourés d’un halo (projeté sur la caméra?), ses images en négatifs, ses transitions d’images mais aussi sa bande son, qui hésite entre orchestrale et synthétiseur, sans rien proposer de bon. Certaines musiques sont hors-propos, trop enjouées pour l’action qu’elles illustrent tandis que certaines pistes ne sont rien d’autre que le doigt coincé sur une touche du synthé. Les bruitages et effets sonores reprennent les pires clichés, avec des tictacs d’horloge agaçants et des respirations difficiles sous un masque. L’équipe devait en être tellement fière qu’il se retrouve pendant tout le film, sans qu’on ne comprenne pourquoi un fantôme aurait des problèmes de respiration.
La Maison hantée est mal filmée, c’est certain. Mais ce qui lui est plus reprochable est sa mollesse. On ne peut lui enlever une certaine volonté de renouveler ses scènes horrifiques, même si elles n’ont rien d’originales et qu’elles sont filmées de façon assez ridicule. Mais entre ces scènes, le film fait du surplace. Il meuble. Quand deux personnages ont fini de discuter, on les voit s’en aller. Quand Marty doit aller quelque part, on le voit prendre sa voiture, la conduire et en sortir. Il est dérangé à deux reprises par la sonnette quand il est dans son bain. Et bien on va le voir en sortir (la serviette bien chevillée), descendre l’escalier, ouvrir la porte et constater qu’il n’y a rien, remonter, retourner dans l’eau du bain, en sortir à nouveau à cause de la sonnette et prendre l’escalier. Et pendant ce temps, le tensiomètre reste à zéro, malgré la musique qui veut croire à l’angoisse.
Cette Maison hantée manque de charme, en dehors du fait que son cadre est celle d’une maison banale de banlieue américaine, peut-être louée pour l’occasion. Il est mal joué et mal filmé, même s’il se donne beaucoup de mal pour faire son intéressant, il ne se rend pas compte de sa mollesse générale. Ses qualités sont rares, mais il essaie. Il se vautre mais il a tenté. Je le préfère encore à certains films d’horreur un peu cyniques qui ne cherchent qu’à soutirer de l’argent aux fans. Il aurait eu un acteur principal avec un peu plus de charisme que cette tête d’endive et un rythme un peu plus maîtrisé, je lui aurais même peut-être offert la moyenne.