La Maladie de Sachs par Gérard Rocher La Fête de l'Art
Le docteur Sachs exerce sa fonction de médecin dans la France profonde. Chaque jour, il est confronté aux dures réalités de la vie, de la maladie et des souffrances de ses fidèles patients. Ce travail prenant tourne à un véritable sacerdoce. Le docteur, devant tant de drames, de maladies incurables et de plaintes perpétuelles, voue une véritable compassions pour ses patients. Néanmoins il souffre de la lenteur de l'évolution de la médecine, de son insuffisance de connaissances personnelles dans sa propre science. En fait, il est frustré et malade de son impuissance devant cette accumulation de maux et de malheurs, prenant ceux-ci à sa charge. Faire passer des examens ou délivrer des ordonnances à ceux dont il devine que cela ne servira pas à grand chose, remet en cause en permanence le sens de sa vie. C'est en fait de la "maladie de Sachs" dont il est atteint, sa maladie à lui... seul.
Il n'est rien de plus frustrant que d'écouter ceux qui sont malades et de comprendre leurs souffrances, sans pouvoir ne rien faire d'autre que les rassurer et les accompagner jusqu'à leur dernier souffle. C'est le mal être que ressent jour et nuit le docteur Sachs. Il se sent ignorant, remettant en cause, devant les cas graves, sa propre utilité et ses compétences. Les malades défilent dans son cabinet et ceux-ci, par leurs cas divers et leurs personnalités différentes, brossent petit à petit, tel un puzzle dont on assemble les pièces, le portrait de ce praticien à la sensibilité exacerbée. Celui-ci se défoule alors dans l'écriture et s'en fait une thérapie personnelle. Celà lui permet d'envisager d'autres solutions dans le déroulement de sa vie. La rencontre avec une jeune femme, Pauline, va contribuer à remettre un peu d'ordre dans sa tête, essayant de profiter du bonheur et de l'amour lorsqu'ils se présentent.
Ce merveilleux film est tiré d'un roman de Martin Winckler et l'on peut avouer que la réalisation de Michel Deville est absolument remarquable. L'analyse de ce médecin confronté à ses malades et à lui-même est saisissante. Malgré l'austérité du sujet et de la mise en scène, on ne peut être que subjugué par la magistrale interprétation tout en sobriété d' Albert Dupontel. Il est humain, torturé par la vie, par la mort. Ses troubles sont permanents mais lui, le confident de ses malades, qui le soigne? Ce film n'est peut-être pas le plus célèbre du réalisateur mais certainement le plus intime, le plus sensible. Ces actrices, ces acteurs qui défilent dans le cabinet médical sont bouleversants de sincérité et de naturel dans leurs personnages et, au travers de leurs tracas et de leurs petits ou gros problèmes de tous les jours, cette réalisation nous aide, incontestablement, à mieux appréhender notre destinée.
Il faut découvrir ce film qui ne fut pas le plus "commercial" ni le plus facile de Michel Deville. Le sujet n'est peut être pas des plus distrayants, mais il est ô combien important dans le domaine de l'écoute et de l'observation des autres. Et puis Albert Dupontel est tellement émouvant...