Impuissance collective
Il est d'autant plus intéressant d'écrire cette critique après avoir lu l'approche qu'ont eu Éléonore Faucher et sa scénariste Françoise Charpiat, confirmant l'intelligence, la cohérence avec...
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le 18 mars 2020
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Malgré mon épaisse carapace en béton armé, Eléonore Faucher aura réussi à m'émouvoir avec son film, qui m'a touché tout autant que lors de ma première réaction outrée en voyant dans "Les Misérables de Victor Hugo" Jean Valjean (alias Gabin) délester la petite Cosette d'un seau d'eau bien trop lourd pour, elle que sa famille d'accueil l'avait contrainte à aller chercher dans le noir terrifiant de la nuit...
La réalisatrice (élevée à la tétine de l'école normale supérieure Louis Lumière) aime tourner des films avec les enfants... On le ressent. Elle est ici touchée par la grâce car toutes les bonnes fées du cinématographe semblent s'être penchées sur cet excellent film, basé sur un scénario mitonné de Françoise Charpiat. Lesquels savent nous impliquer dans cette aventure, sans tomber dans le travers du pathos. Car tout l'intérêt du film est là : comme toutes les personnes qui côtoient la petite Stella, on va se demander tout au long de ce récit palpitant si la gamine est ou non victime de sévices... Elle affirme haut et fort que non !
Et on s'interroge, on s'angoisse car tout le dilemme est là : on connaît la facilité des enfants à faire "comme si" c'est à dire inventer des histoires de toutes pièces et y entrer eux-mêmes... Aisance naturelle qui a entraîné parfois des adultes de bonne foi à croupir en prison, voire se suicider avant que la vérité de leur innocence n'éclate... Souvenons-nous de "l'affaire d'Outreau" présente encore dans toutes les mémoires ! D'autant qu'ici, la petite clame bec et ongles que sa famille n'est pour rien dans toutes les meurtrissures que dévoile son petit corps...
Là encore, Eléonore Faucher a bénéficié du quasi sans faute d'un casting aux petits oignons ! Tant pour les premiers rôles que les seconds. Mais la trouvaille sublime est celle de la petite Elsa Hyvaert qui entre dans ce film avec un naturel déconcertant ! Soit qu'elle ait des dispositions phénoménales de comédienne, soit que l'équipe de tournage ait employé des trésors de pédagogie pour obtenir ce résultat épatant : la gamine crève l'écran et nous fait croire au père Noël ! Mais qui croire dans cette aventure ?
A tel point qu'elle a atteint ma sensibilité naturelle. Tous nos instincts maternels ou paternels sont en alerte, en émoi et on a envie d'aider ce bébé de six ans mais comment ? C'est bien aussi la question que se posent les divers intervenants de la fiction... Fiction ?
130 mineurs tomberaient chaque année victimes des coups en France, et 50 000 seraient victimes de mauvais traitements ! Conditionnel car bien difficile de se livrer à des statistiques dans ce domaine. Toujours est-il que le droit des enfants est encore bien malade ! Que ce soit à cause des enseignants qui hésitent -et on les comprend- à "balancer" des parents soupçonnés d'être indignes, mais aussi de toute leur chaîne hiérarchique, du corps médical trop enclin à raisonner en scientifique (quelles preuves a-t-on ?) et non en homme, des assistantes sociales aux effectifs insuffisants.. bref de tous ceux qui se voilent la face pour n'avoir ni ennuis ni représailles...
Là encore, le scénario a le bon goût de ne pas sombrer dans la métaphysique et de rester simple.
Ce qui le rend d'autant plus bouleversant : âmes sensibles, préparez vos mouchoirs !
Une réussite à tous points de vue : ce film n'aura été toutefois victime que d'une seule maladroite : India Hair qui passe complètement à côté de son jeu d'actrice! Difficile de jouer plus mal un rôle qui s'avérait en or !
A voir absolument !
la une (RTBF) le 20.10.2019- la une (RTBF) le 01.02.2023- 05.02.2023- TV Monde le 04.03.2023-01.08.2023-
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Créée
le 31 juil. 2023
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c’était maladroit
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