Frissons en mer.

Il faut dire que l’affiche frappe l’œil. Mais davantage que l’idée d’un film d’horreur sur le thème du célèbre paquebot de croisière Queen Mary en vaut bien d’autres, voire même qu’elle attise notre curiosité avec un petit côté alléchant pour tout adepte de petits films de genre qui cherche la pépite méconnue. Sachant que ledit bateau est réputé pour être l’un des lieux les plus hantés du monde suite à diverses histoires sordides avérées et surtout pas mal de légendes urbaines accentuées par un folklore qui s’est installé avec le temps, on est curieux de voir ce qu’un film sur cet endroit maudit allait donner. Les frissons en mer ne sont pourtant pas une proposition dénuée de précédents comme le prouvent pas mal de films, notamment des séries B, comme l’intéressant « Triangle » mais aussi les nanars « Le Vaisseau fantôme » ou « Virus ». Nanti d’un budget assez limité, d’acteurs de seconde zone et d’un réalisateur dont le seul fait d’arme est le tout juste sympathique « Dracula Untold », le résultat concernant « La Malédiction du Queen Mary » était attendu... Et laisse dubitatif.

Le film fini a beau ne pas être totalement mauvais ou raté, il souffre quand même de beaucoup de choix discutables, que ce soit sur les plans formels, narratifs ou concernant la tonalité. Le plus gros problème de « La Malédiction du Queen Mary » vient clairement de sa double temporalité parfaitement inutile, d’autant plus que la partie dans les années 30 est bien plus intéressante et réussie que celle à notre époque. La première est reconstituée avec une certaine opulence et pas mal de goûts et d’idées. C’est aussi celle qui réserve les moments les plus effrayants (enfin si on est fragile, car on a déjà connu bien mieux dans le genre) ainsi que l’histoire la plus captivante. Celle de nos jours fait pâle figure, comme si tout le budget était parti dans l’autre, et la volonté de raccrocher les wagons entre les deux apparaît grossière, avec de bien trop grosses coutures scénaristiques. Quant au montage erratique censé passer de l’une à l’autre, il semblerait que la personne en charge ait pris des amphétamines. C’est donc le talon d’Achille du film et on se demande ce qu’il aurait donné si les scénaristes avaient approfondi l’histoire du siècle passé.

En outre, « La Malédiction du Queen Mary » est doté de pas mal d’invraisemblances et de soucis de cohérence au niveau de l’intrigue, à l’instar de la résolution finale, quelque peu ridicule. Gary Shore use et abuse également de tics de réalisation rendant son long-métrage parfois fatigant à suivre. En témoignent, les trop nombreux plans de coupe sur le bateau insérés n’importe comment. Pourtant, il y a de plein de tentatives d’offrir quelque chose d’un peu innovant, des pistes intéressantes même (le cadran indiquant la position du bateau). On sent tout à fait que le sujet et le lieu avaient un potentiel certain mais ils sont traités de manière trop peu sérieuse et pertinente pour pleinement convaincre. Le jeu des acteurs est quant à lui limité au strict minimum et ce n’est pas de ce côté que l’on va trouver notre bonheur. Malgré ces nombreux défauts, les deux heures de cette série B passent relativement vite et il y a quelques effets gores et sanglants très réussis (comme la séquence de massacre dans la cabine) et les lieux sont emprunts d’un sentiment étrange bien rendu. Des frissons en pleine mer dispensables mais pas totalement dénués d’intérêt.

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