La Malédiction bénite
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Le film, préquel de l'opus de Richard Donner, peut dans un premier temps donner le sentiment d'emprunter des chemins balisés. Quelques semaines après Immaculée, voir à nouveau le récit d'une novice confronté à l'étrangeté d'un lieu ou elle doit se voir "offerte" à Dieu, peut sonner comme une redite.
Mais au contraire de son prédécesseur qui se contentait de citer péniblement un imaginaire cinématographique séculaire sans jamais apporter une once de personnalité, avant d'enfin se libérer des carcans qui l'enserrent dans un final un brin grand guignolesque mais lourd de sens.
Ici le film prend son temps, cite mais s'inscrit dans une atemporalité ou les thématique sous-jacentes et fortement moderne ne prennent jamais le pas sur un récit qui impose son rythme et son histoire.
Les modèle sauteront aux yeux de n'importe qui, cette amitié avec une autre novice plus délurée rappellera le Hantise de Robert Wise, le désir et la sexualité réfrénée, l'expression d'un amour intangible dans un monde ou le mystique s'évapore. Les hallucinations de cette jeune femme, partagée entre vision cauchemardesque et un entourage cherchant en permanence à la contrôler qui peut rappeler Saint Maude, notamment dans le jeu hypnotique de Nell Tiger Free.
Mais le films parvient à s'extraire de tout ça par le biais d'une identité visuelle riche. Un film se déroulant de façon fort classique en trois temps mais ou la colorimétrie soulignera une forme d’ascension et de chute de son héroïne principale. Un aspect jaunâtre et assez chaud dans un premier temps, l'arrivée à Rome, façon Giallo, l'étrangère qui va faire face aux mystères, le travail sur la langue.
Puis dans un second temps la lumière se fera plus blanche, aveuglante, notre héroïne trouvera un objectif, la possibilité à travers une pensionnaire de l'orphelinat dans lequel elle retrouvera ses atermoiements d'enfant, la violence vécue et le besoin de sauver celle-ci.
La troisième, la chute, plus obscure quand la réalité prendra son plein pouvoir et forcera à prendre conscience d'une inéluctabilité, la main mise illustré depuis le début, sur sa nature de femme, ses espoirs, ses désirs, le tout réprimé pour servir des intérêts purement capitaliste ou un pan sectarisme de l'église se comporte comme grand entreprise cherchant à asseoir sa position dominante dans un monde changeant.
Finalement l'homme, le capitalisme, la religion de par leur nature même asservissent l'humain et au delà utilisent la femme qui n'est plus que comme une matrice, un vecteur qui n'a d’intérêt que par sa fonction matricielle.
Ce final qui voit, dans la défaite, une libération d'un joug devient assez passionnant dans sa description que ce refus de soumission à un ordre établi, devient une forme de nouvelle religion symbolisé par une nouvelle trinité entièrement composée de femmes.
Un film assez brillant qui parfois se perd un peu, la cause d'un script semblant un peu trop vouloir jouer du mystère qui n'en est pas vraiment un, mais la force du propos qui ne supplante jamais la narration et les quelques envolées violente tout autant hommage au film précédent, qu'hypnotique comme l’Échelle de Jacob rend le métrage très agréable à suivre.
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le 8 avr. 2024
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