Musique composée par Bernard Herrmann, héroïne traversant le pays en train et en avion comme un certain Cary Grant dans La Mort aux Trousses, La Mariée était en noir de François Truffaut s'inscrit comme un hommage à Alfred Hitchcock et au polar en général.
Toutefois, le cinéaste français s'écarte très vite de la voie tracée par son récit policier(une femme décidant de tuer les 5 hommes responsables de la mort de son mari) pour se concentrer davantage sur ses personnages et leurs personnalités. C'est ainsi que le film présente essentiellement la vie de chacune des cibles de la tueuse, tandis que cette dernière s'insinue peu à peu dans leur quotidien pour finalement les éliminer.
Le profil des victimes est varié. On a par exemple le célibataire endurci, le coureur de jupons et le bourgeois/politicien un peu véreux. L'un de ceux-ci, un artiste toujours en quête de nouvelles femmes, semble être le brouillon de ce que sera le personnage principal de L'homme qui aimait les femmes (les deux rôles sont d'ailleurs tenus par le même acteur : Charles Denner).
Cette construction narrative basée sur la répétition, avec toutes les 20 minutes la présentation d'un nouveau protagoniste dans un nouveau cadre, transforme l'oeuvre en film à sketchs, genre dans lequel Truffaut a excellé plusieurs fois dans sa carrière (voir Baisers volés). Le grand talent du metteur en scène réside dans sa capacité à lier des petites scènes à travers une intrigue élaborée et un personnage de veuve vengeresse, incarnée par Jeanne Moreau qui il faut hélas bien l'avouer, peine à nous faire croire qu'elle est une femme fatale dont tous les hommes tombent amoureux. C'est peut-être le point faible du film...